Le Brésil : terre de contrastes et de démesure
- Reni Andcam
- 4 avr. 2016
- 3 min de lecture

Le Brésil mythique de l’Eldorado des conquistadors attire les européens depuis l’an 1500 ...
“ Terre de contrastes” a écrit l’anthropologue Roger Bastide dans une formule qui fit succès : “matérialisme brutal contre mysticisme halluciné, splendeur fastueuse du carnaval contre misère quotidienne, délicatesse du baroque colonial contre délires futuristes de Brasília, ardente ferveur chrétienne et transes de possession des dieux d’Afrique, fortunes colossales contre sous-alimentation endémique”.
Du football à l’histoire, des plages de sable fin aux montagnes de canyons, des favelas aux sans terre, du soleil brulant à la moiteur tropicale de l’Amazonie, aridité et sécheresse de certaines zones côtoyant les innombrables récoltes des gros producteurs, immenses forêts tropicales désertes, villages misérables de bout du monde et cabanes de Robinson contre jungle de ses forêts de tours, eaux bleues éclatantes qui se parent comme par magie d’une teinte turquoise contre eaux noires et boueuses des fleuves du bassin amazonien, eaux tièdes de l’océan contre eaux revigorantes des cascades, un pays fortement inégalitaire doté de la capacité d’un art de vivre ensemble proprement brésilien qui transcende classes et races, rien n’échappe à la règle honteuse du tout ou rien.
Salvador de Bahia, la plus africaine, surnommée la Rome noire du Brésil, est une veille dame respectable qui fascine le voyageur pour son physique portugais et son caractère afro-brésilien.
Rome en raison du nombre impressionnant d’églises que renferme la ville (365 églises, pour chaque jour de l’année dit-on).
Noire parce que Salvador est aujourd’hui une métropole peuplée en majorité par des descendants, métis pour beaucoup, des anciens esclaves africains.
Les paysages sont fantastiques, d’une beauté envoutante presqu’angoissante.
Le bruissement des palmes caressées par un vent léger suspend le temps.
C’est reposant, tropical et verdoyant.
Les aras, les martins pêcheurs et les toucans prennent leurs superbes envols sous l’œil flegmatique de milliers de jacarés (caïmans).
Les couchers de soleil subliment la vie de teintes dorées.
Les fruits tropicaux arrosent le tout.
Oswald de Andrade, père du modernisme brésilien, définit le Brésil en deux mots : “l’anthropophagie culturelle”.
Le Brésil, terre de contrastes mais aussi de démesure.
Démesure des grandeurs proclamée dans l’hymne national adopté en 1922, à l’occasion du centenaire de l’indépendance du pays.
“ Brésil,
Géant par ta propre nature,
Tu es beau, tu es fort,
Colosse impavide,
Ton avenir reflète cette grandeur ! ”.
A en croire les paroles, il serait un géant “éternellement allongé dans son berceau splendide”.
Plus qu’un pays en Amérique du Sud, pays-continent, pays de l’immensité, le Brésil est un continent dans le continent : plus de la moitié de la surface de l’Amérique du Sud, près de 8 512 000 kilomètres, 286 fois la Belgique, près de seize fois la France, 27 états et cinq grandes régions, le tout divisé par pas moins de quatre fuseaux horaires.
De l’Amazonie infini où coule le fleuve amazone le plus long du monde, aux colossales chutes d’Iguaçu, du quadrilatère de la sécheresse au continent marécageux du Pantanal, en passant par les dunes de sable d’un blanc aveuglant dignes du Sahara dont certaines atteignent quatre mètres de haut, ici, la nature atteint les extrêmes de la démesure.
Une démesure qui se mesure intensément non seulement sur son visage toujours souriant et ouvert, avec un humour festif, une gaieté ardente à jouir de la vie mais également sur la sensualité et la beauté de son corps dénudé.
La folie de son carnaval, unique au monde, le proclame pays de carnaval, guidé par le carnaval et réglé pour le carnaval.
La langue portugaise elle-même, ici, a changé de ton, pour la porter et le son des mots, déjà fait onduler le corps.
Dans toutes les régions et à toute heure de la journée, la joie souffle sur les plages des airs de samba et de bossa nova, les deux majestés nées dans les cœurs.
La capoeira, plus qu’un art martial est une véritable langue des corps dans laquelle capoeiristes, musiciens et public communient.
La caïpirinha accompagne les étreintes et les embrassades.
Le charme du Brésil ébranle les certitudes du voyageur qui n’a d’autre choix que de se laisser dévorer, délicatement, sans résister, par cette contrée de rêve dotée d’une nature généreuse, sauvage et exubérante, héritière d’un métissage de cultures unique au monde.
Cam
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