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Du sang sur nos mains

  • Photo du rédacteur: Reni Andcam
    Reni Andcam
  • 22 avr. 2016
  • 26 min de lecture

‘Ici, c’est ma vie, mon âme. Si vous prenez ma terre, vous prenez ma vie.’ Marcos Veron, Guarani

Nous ne savions pas que les Blancs allaient prendre notre terre. Nous ne savions rien à propos de la déforestation. Nous ne connaissions pas les lois des Blancs.Un Enawene Nawe

Auparavant, nous étions libres. A présent, nous ne le sommes plus. Nos jeunes pensent alors qu’il ne leur reste plus rien. Ils s’assoient et boivent, ils se perdent et se suicident.’ Rosalino Ortiz, Guarani

‘Nous existons. Je veux dire au monde que nous sommes vivants et que nous voulons être respectés en tant que peuple.Marta Guarani

L’histoire des peuples indigènes du Brésil a été marquée par la brutalité, l’esclavage, la violence, les maladies et le génocide.

Lorsque les premiers colonisateurs européens arrivèrent en 1500, ce qui est aujourd’hui le Brésil était peuplé d’environ 11 millions d’Indiens, répartis en 2 000 tribus. Durant le premier siècle du contact, 90% d’entre eux furent décimés, en majorité à cause des maladies importées par les colonisateurs, telles que la grippe, la rougeole ou la variole. Durant les siècles suivants, des milliers d’autres moururent, réduits en esclavage dans les plantations d’hévéa et de canne à sucre.

Au terme de cinq siècles de meurtres, tortures, épidémies et exploitation qui ont ravagé leur population, celle-ci chuta dans les années 1950 à son taux le plus bas jamais atteint : elle ne comptait plus que 100 000 personnes. La population chuta tellement que l’éminent sénateur et anthropologue Darcy Ribeiro estima qu’au siècle dernier une tribu disparaissait tous les deux ans et prédit que les Indiens disparaitraient totalement dans les années 1980. L’on estime qu’en moyenne, une tribu a disparu tous les ans au cours du siècle dernier.

L’on estime à 1 500 le nombre de tribus ayant disparu depuis l’an 1500.

En 1967, Jader Figueiredo, un procureur fédéral, publia un rapport de 7 000 pages répertoriant les innombrables atrocités et crimes commis à l’encontre des Indiens, allant du meurtre à la spoliation des terres et à l’esclavage.

Lors de l’affaire connue comme ‘Le massacre du 11ème parallèle’, un baron du caoutchouc ordonna à ses hommes de lancer des bâtons de dynamite dans un village de Cinta Larga. Ceux qui survécurent furent assassinés par les ouvriers du caoutchouc qui pénétrèrent dans le village et les attaquèrent à coups de machette.

Ce rapport fit la une des médias internationaux et conduisit à la dissolution du Service de Protection de l’Indien (SPI) qui fut remplacé par la FUNAI, l’actuel département des affaires indigènes du gouvernement.

Survival International fut fondée en 1969 à la suite de la publication de l’article de Norman Lewis dans le Sunday Times sur le génocide des Indiens du Brésil.

La population indigène recommença à s’accroître progressivement, malgré l’ouverture de l’Amazonie au développement par les militaires durant les années 1960 à 1980. Des dizaines de milliers d’Indiens perdirent leurs terres et leurs vies devant cette nouvelle ruée vers les ressources de la forêt – barrages hydroélectriques, élevage de bétail, mines et routes. De nombreuses tribus disparurent pour toujours.

Au terme de vingt-deux ans de dictature militaire, en 1985, une nouvelle Constitution fut votée. Les Indiens et leurs partisans firent pression pour obtenir davantage de droits.

Si de nombreux progrès ont été accomplis, les Indiens ne jouissent toujours pas de la propriété foncière collective à laquelle ils ont droit en vertu de la législation internationale.

Depuis l’arrivée des Européens au Brésil, il y a plus de 500 ans, les Indiens ont subi un génocide à grande échelle et ont été spoliés de la plupart de leurs terres.

Aujourd’hui, le Brésil s’emploie à développer et industrialiser l’Amazonie à travers des projets agressifs, même les zones les plus reculées sont à présent menacées. Plusieurs barrages hydro-électriques sont en cours de construction à proximité de groupes d’Indiens isolés; des milliers d’autres Indiens seront privés d’eau, de nourriture et de terres. Ces barrages fourniront de l’énergie bon marché aux compagnies minières qui s’apprêtent à exploiter les territoires indigènes si le Congrès adopte un projet de loi promu par le lobby minier.

Dans le sud du pays, de nombreuses tribus telles que les Guarani vivent dans des conditions déplorables sous des bâches le long des routes. Leurs leaders sont pris pour cible et assassinés par des milices privées constituées d’hommes armés à la solde des éleveurs pour les empêcher de réoccuper leur territoire ancestral. Nombreux sont ceux qui se sont suicidés de désespoir devant la perte de leurs perspectives d’avenir.

La réponse du peuple guarani profondément spiritualiste à la dépossession de ses terres a été une vague de suicide unique en Amérique du Sud. Depuis 1986, plus de 517 Guarani se sont donné la mort, le plus jeune n’avait que neuf ans.

En octobre 2012, un groupe de 170 Kaiowas (les Guarani du Brésil) (...) après qu'un ordre d'expulsion ait été émis par un juge fédéral, a déclaré qu'ils étaient prêts à accepter leur extinction. Selon une lettre envoyée au Conselho Indigenista Missionário (...) :

Nous allons déjà être tués, donc nous voulons être tués et enterrés avec nos ancêtres ici où nous sommes aujourd'hui. Par conséquent, nous demandons au ministère fédéral de la Justice et de ne pas arrêter notre expulsion, mais nous leur demandons de décréter notre mort en masse et de nous enterrer tous ici. (...) Ceci est notre demande aux juges fédéraux. Nous attendons dès maintenant cette décision de la justice fédérale. (...) Étant donné que nous avons pleinement décidé et que nous n'allons pas quitter cet endroit mort ou vivant."

Un Guarani confiait même à Survivalinternational, une association de défenses des peuples indigènes: "Nous n’avons pas d’avenir, nous ne sommes pas traités avec respect, il n’y a pas d’emplois pour nous et il n’y a pas de terre où nous pouvons cultiver et vivre. Nous choisissons de mourir parce qu’en fait nous sommes déjà morts à l’intérieur".

Un racisme endémique persiste vis-à-vis des Indiens du Brésil. Au regard de la loi, ils sont toujours considérés comme des mineurs. L’objectif principal des peuples indigènes du Brésil est le contrôle de leurs terres – le Brésil est l’un des deux seuls pays sud-américain à ne pas encore reconnaître leurs droits à posséder la terre.

La tribu la plus nombreuse aujourd’hui au Brésil, les Guarani, qui sont 51 000, est quasiment privée de terres. Au cours des cent dernières années, la presque totalité de leur territoire a été spoliée et transformée en vastes pâturages d’élevage, en plantations de soja et de de canne à sucre. De nombreuses communautés sont entassées dans des réserves surpeuplées, d’autres vivent sous des bâches au bord des routes.

Le groupe qui occupe le plus vaste territoire est celui des Yanomani, une tribu relativement isolée forte de 19 000 membres qui occupe 9,4 millions d’hectares au nord de l’Amazonie, une superficie légèrement plus grande que celle de la Hongrie.

La tribu amazonienne la plus nombreuse est celle des Tikuna, forte de 40 000 membres.

La population de nombreux groupes amazoniens n’atteint pas un millier d’individus. Par exemple, les Awà sont seulement 450.

Les Xetá ont été quasiment décimés dans les années 1950, lorsqu’ils ont été dépossédés de leurs terres. En 1999, il ne restait plus que huit survivants, trois hommes et cinq femmes, tous parents.

Les Goitacá, qui vivaient sur la côte de Rio de Janeiro, ont été décimés suite à des combats armés avec les colons européens.

Les Umutina ont été décimés par la rougeole et d’autres maladies. Alors qu’on en dénombrait 400 en 1862, seuls 73 avaient survécu en 1943. Leur population a tendance à s’accroître de nouveau lentement aujourd’hui.

La construction de l’autoroute BR-364, financée par la Banque mondiale, dans la vallée fertile où étaient établis les Nambiquara a eu des conséquences désastreuses sur cette population. Ils étaient 7 000 en 1915, seuls 530 étaient encore en vie en 1975.

Les Nambiquara sont aujourd’hui 2 000, mais leurs territoires continuent d’être envahis par des chercheurs de diamants, des exploitants forestiers et des éleveurs.

Ils ont tout subi, les chiens, les chaînes, les winchesters, les mitraillettes, le napalm, l’arsenic, les vêtements contaminés, les certificats falsifiés, les expulsions, la déportation, les routes, les barbelés, les incendies, le bétail, les décrets légaux et la réalité qui les fait mentir’, Darcy Ribeiro, sénateur et anthropologue brésilien.

Les Kawahiva vivent à 1 400 kilomètres de Cuiabá (à mi-chemin des stades de Manaus et de Cuiabá), ils sont l’une des tribus isolées les plus menacées au monde.

Les Krenak ne sont plus aujourd’hui que 350.

Le nom de Manaus a été donné à cette ville après l’extinction de la tribu des Manáos. Menés par le grand leader Ajuricaba qui était parvenu à unir plusieurs tribus rebelles, les Manáos ont âprement résisté à la domination portugaise dans cette région avant d’être finalement vaincus.

Manaus a connu une brusque expansion à la fin du XIXe siècle grâce à l’essor de l’industrie du caoutchouc. Des dizaines de milliers d’Indiens ont été réduits en esclavage et forcés de récolter la sève de l’hévéa. Ils ont été victimes d’effroyables atrocités – des milliers d’entre eux sont morts des suites de torture, de maladies et de malnutrition. Certains sont parvenus à échapper à l’esclavage en se réfugiant dans les lointaines contrées reculées où les affluents de l’Amazone prennent leur source, et où ils vivent encore aujourd’hui, fuyant tout contact avec la société nationale.

Le territoire des Waimiri Atroari se situe à une centaine de kilomètres de Manaus. Depuis le XVIIIe siècle, cette tribu a vaillamment résisté aux invasions de chasseurs et d’exploitants de caoutchouc et beaucoup trouvèrent la mort au cours de violents conflits. Un contact a cependant été établi au moment où le gouvernement construisit à coups de bulldozers une route traversant leur territoire. Des centaines d’entre eux trouvèrent la mort suite à des maladies ou au cours de violentes confrontations avec les unités militaires déployées pour en finir avec la rébellion. Le général Gentil Noguera Paes annonça alors : ‘Nous achèverons coûte que coûte la construction de cette route, même si cela implique d’ouvrir le feu sur ces Indiens criminels. Ils nous ont déjà suffisamment provoqués et ils entravent l’avancement des travaux’. Aujourd’hui, la Commission nationale pour la vérité enquête sur les atrocités commises à l’encontre des Waimiri Atroari au cours de cette période.

En 1988, la population des Waimiri Atroari ne comptait plus que 374 individus sur les 6000 qu’ils étaient auparavant. Ils sont aujourd’hui 1 500. L’on estime qu’au moins un groupe d’Indiens isolés vit sur leur territoire.

A seulement 370 kilomètres de Manaus vivent deux groupes d’Indiens isolés. Le Brésil abrite plus de tribus isolées que n’importe quel autre pays au monde ; la FUNAI les estime à plus de 80. Nombre d’entre eux, tels que les Kawahiva et les Awà, fuient constamment devant le front de bûcherons lourdement armés et les éleveurs qui détruisent leur forêt.

A seulement cinq heures de route de Brasília, de petits groupes d’Indiens se terrent dans l’immensité du maquis broussailleux. Ce sont les Avá Canoeiro, qui ne sont plus que 24 aujourd’hui – les derniers survivants d’une tribu fière et forte qui vit constamment en fuite depuis 1780 et qui est au bord de l’extinction. Au début des années 1980, des centaines d’ouvriers recrutés pour construire un barrage hydroélectrique sur la rivière Tocantins se sont installés sur leurs terres.

Sur les 23 tribus de la côte nord-est, seuls les Fulnios ont conservé l’usage de leur langue.

Cette région a été l’une des premières à être colonisée. Elle est aujourd’hui le théâtre des conflits fonciers les plus acharnés. Les Pataxó Hã Hã Hãe ont lutté pour la défense de leurs droits territoriaux pendant des décennies, au cours desquelles ils ont été victimes de violence et plusieurs de leurs leaders ont été assassinés.

A six heures de route de Salvador, les Indiens Tupinambá sont actuellement pris pour cible par la police qui lance des raids sur leurs villages dans le but de les faire fuir de leurs terres destinées à l’élevage intensif de bétail. En août 2013, quatre Tupinambá ont été assassinés, leurs corps mutilés, et 26 maisons détruites.

Les communautés indigènes du sud du Brésil – les Guarani Mybá, les Guarani Ñandeva, les Kaingang, les Xokleng et les Xetá, ayant été spoliés de la plus grande partie de leur territoire pendant la période coloniale, vivent sur des parcelles extrêmement réduites.

Maracanã, en langue tupi, signifie ‘perroquet’ (et sous la forme ‘maraca-na’, il peut également désigner des maracas, instruments à graines utilisés lors des cérémonies religieuses guarani). Son nom officiel est ‘stade Mário Filho’. Il est situé à Rio de Janeiro.

Quand les travaux de rénovation ont débuté dans la perspective de la Coupe du monde 2014, un groupe de 70 Indiens, de 17 tribus différentes, qui vivait dans une demeure abandonnée datant du XIXe siècle, a été expulsé et le bâtiment détruit, afin de permettre la construction d’un parking géant et d’un musée du football. Les Indiens demandaient que le bâtiment soit épargné et converti en centre culturel indigène.

Cette demeure coloniale avait abrité en 1901 le premier institut de recherche sur les cultures indigènes. Peu de temps après, elle hébergea le bureau principal du Service de protection des Indiens, devenu aujourd’hui la FUNAI. Jusqu’en 1978, c’était le siège administratif du musée de l’Indien.

A une centaine de kilomètres au nord-est de Belo Horizonte, se trouve le territoire des Indiens krenak et pataxó, appelé ‘Fazenda Guarani’. Ces deux groupes ont subi de lourdes pertes au cours de leurs combats de résistance contre l’expansion coloniale.

Dans les années 1960, le gouvernement brésilien construisit deux prisons secrètes administrées par la police militaire qui était chargée de punir et de rééduquer les Indiens qui avaient résisté à l’invasion de leurs terres. Un ancien détenu les a comparées à des camps de concentration où les Indiens étaient contraints au travail forcé et s’ils refusaient, ils étaient battus et placés à l’isolement. ‘J’ai été détenu dans l’une de ces prisons pendant douze ans. Les policiers nous battaient tellement, nous les Krenak, que nous devions ensuite nous immerger dans de l’eau salée pour soulager la douleur’, a témoigné Manelão Pankararu.

Aujourd’hui, la Commission nationale pour la vérité enquête sur les mauvais traitements infligés dans les prisons aux Indiens détenus.

Le lac artificiel du barrage pour la construction du stade de football de Brasília a englouti leur dernier refuge et leurs territoires de chasse. Lorsque la construction a commencé, la FUNAI mit sur pied une mission d’urgence pour entrer en contact avec les groupes survivants – il est vite devenu évident que très peu d’Avá Canoeiro étaient encore en vie. Mais, en 1983, elle parvint finalement à entrer en contact avec un couple, Iawi et Tuia, accompagnés de la tante et de la mère de Tuia, Matcha et Naquatcha. Ce petit groupe avait survécu à un massacre en 1962 et avait ensuite passé vingt ans caché dans des excavations perchées dans les montagnes.

Iawi et Tuia ont eu deux enfants, Trumak et Putdjawa, qui vient lui-même d’avoir un enfant avec une Indienne tapirapé, appelé Paxeo.

Un autre petit groupe d’une douzaine d’Avá Canoeiro a été contacté en 1973. Presque tous portaient des cicatrices causées par les balles des hommes de main du ranch de Camagua, appartenant à une banque brésilienne. Ils ont été retrouvés vivant cachés dans un marécage – leur dernier refuge sur ce qui avait été leur territoire de chasse, aujourd’hui cerné de barbelés. Ils souffraient de malnutrition. Ce groupe compte moins de vingt personnes.

Pour certains autres groupes, leur taille a été tellement réduite qu’ils ne comptent même plus les 11 membres nécessaires pour composer une équipe de football :

5: Tribu Akuntsu (État de Rondônia). Ils ne sont que 5.

4: Tribu Juma (État d’Amazonas)

3: Tribu Piripkura (État de Rondônia)

2: Indiens de la rivière Tapirapé (État de Maranhão). (L’un d’eux étant probablement décédé aujourd’hui)

1: ‘Le dernier de sa tribu’/ l’homme dans le trou (État de Rondônia).

En effet, la plus petite tribu ne compte qu’un seul individu, un homme qui vit en Amazonie occidentale, à l’ouest du Brésil, sur une toute petite parcelle de forêt cernée par des fermes d’élevage et de plantations de soja, et qui refuse toute tentative de contact.

Brésil : le ballon qui cache la forêt... massacrée

Nixiwaka Yawanawa, un Indien d’Amazonie brésilienne, a accueilli le trophée de la Coupe du monde à son arrivée à Londres vêtu d’un T-shirt portant le slogan ‘Brésil : arrêtez le massacre des Indiens’. Arborant la coiffe de sa tribu et des peintures faciales, Nixiwaka a attiré l’attention sur l’offensive brésilienne contre les droits indigènes.

Coca-Cola et la FIFA ont empêché Nixiwaka d’afficher le slogan sur son T-shirt tout en posant à côté du trophée.

La forêt amazonienne se meurt. La Coupe du monde de football 2014 au Brésil est un prétexte à l'accélération de sa destruction et du génocide des peuples indigènes.

Depuis que la FIFA a désigné le Brésil comme terre d'acueil de la Coupe du monde de football 2014, celle-ci est devenue - avec les prochains J.O. de Rio 2016 - une opportunité pour les autorités et les géants des secteurs de l'agroindustrie, de l'énergie et des mines du pays d'accélérer l'industrialisation de zones de forêts protégées et la déliquescence des droits des peuples indigènes sur leur territoires, tant convoités.

La Coupe du monde 2014 s’est tenue dans une atmosphère électrique, de nombreuses manifestations et émeutes ayant eu lieu pour dénoncer un immense gâchis d'argent public et des violations aux droits humains insoutenables ("nettoyage" de favelas, expulsions sommaires de milliers de familles pauvres, expulsion de la communauté indigène Aldeia Maracana ...). Le mouvement anti-Coupe du monde 'Não vai ter copa (la Coupe du monde n'aura pas lieu)' a reçu une grande adhésion citoyenne dans un pays où le football est roi.

Les forêts tropicales abritent parmi les dernières tribus indigènes du globe. En coupant les arbres, nous détruisons ces peuples et en même temps leur culture, leurs connaissances, leur science. L’humanité prend le risque de se priver de ce savoir. Plus de 1 000 tribus vivent dans les forêts vierges tropicales. La majeure partie d’entre elles est en voie d’extinction, luttant contre les envahisseurs qui pénètrent sur leurs terres illégalement. Leur disparition provoquerait la perte de tout leur patrimoine culturel mais aussi d’un savoir-faire dont le monde moderne a encore besoin aujourd’hui.

La faune et la flore comestibles sont rares dans la forêt amazonienne. Cependant, les Indiens ont su s’adapter à cet univers complexe et tirer parti de sa diversité. Ils se déplacent en fonction des ressources forestières et s’adaptent aux capacités de régénérescence du lieu où ils s’installent. Ils subsistent principalement grâce à la chasse, la pêche et la cueillette. Dans les sociétés traditionnelles, les Indiens dépendent entièrement, beaucoup, peu ou à peine de leurs cultures. Certains cultivateurs itinérants plantent des semences qu’ils laissent se développer seules et reviennent quelques mois plus tard pour la récolte. D’autres cultivateurs sont plus sédentaires. « Les Indiens d’Amazonie pratiquent la culture sur terres déboisées et brûlées depuis des millénaires. Conscients de la fragilité de leur environnement, les parcelles qu’ils laissent en jachère sont suffisamment petites pour que la jungle se reconstitue d’elle-même. » On a pu remarquer que les jardins abandonnés par les Indiens depuis plus de quarante ans sont deux fois plus riches en espèces que les terrains environnants. Les pratiques de gestion traditionnelle permettraient donc aux ressources de se renouveler tout en satisfaisant les besoins des Indiens. Au contraire, les défrichements massifs voués aux plantations et aux pâturages ne permettent pas à la forêt de se régénérer. « Les habitants de la forêt vierge la considèrent comme une terre nourricière, et non comme une menace. »

La Fondation nationale de l’Indien, la Funai, prétend que les intérêts des Indiens passent par leur intégration socioculturelle dans la société moderne. La population non indienne établie en Amazonie a augmenté de 1 000 % entre le milieu des années 1950 et aujourd’hui. Toutes les activités qui font venir des hommes en Amazonie apportent aussi des maladies contre lesquelles les Indiens ne sont pas immunisés, et l’alcool, qu’ils ne supportent pas. Malgré les promesses d’action, le gouvernement tarde à expulser les chercheurs d’or, mineurs et autres occupants illégaux des territoires indiens.

Au début de notre siècle les Indiens du Brésil n’étaient plus que 500 000. Aujourd’hui ils ne sont guère plus de 70 000 environ.

Ils vivent dans la préhistoire. Certes, cela peut paraître incroyable qu’en plein XXe siècle des gens vivent encore comme ces Indiens, mais cela ne justifie pas à leur égard un étonnement agressif, car pour eux le XXe siècle n’a pas le même sens que pour nous. Chaque peuple se développe selon son lieu géographique et les circonstances extérieures. Ce qui doit plutôt nous étonner d’abord, et nous révolter ensuite, c’est que ces hommes-là soient pratiquement mis au ban de la société dite civilisée ...

Les territoires indigènes sont en train d’être détruits par des hommes avides dont le seul but est de s’enrichir en approvisionnant le marché international de soja, de viande… Le fléau est l’agro-carburant : l’éthanol est fait du sang qui jaillit des veines des indigènes et inonde leur terre ancestrale.

Cam

Source : survivalinternational 2014

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Reni Andcam

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Du sang sur nos mains

‘Ici, c’est ma vie, mon âme. Si vous prenez ma terre, vous prenez ma vie.’

Marcos Veron, Guarani

‘Nous ne savions pas que les Blancs allaient prendre notre terre. Nous ne savions rien à propos de la déforestation. Nous ne connaissions pas les lois des Blancs.’

Un Enawene Nawe

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‘Ici, c’est ma vie, mon âme. Si vous prenez ma terre, vous prenez ma vie.’ Marcos Veron, Guarani

‘Nous ne savions pas que les Blancs allaient prendre notre terre. Nous ne savions rien à propos de la déforestation. Nous ne connaissions pas les lois des Blancs.’ Un Enawene Nawe

‘Auparavant, nous étions libres. A présent, nous ne le sommes plus. Nos jeunes pensent alors qu’il ne leur reste plus rien. Ils s’assoient et boivent, ils se perdent et se suicident.’ Rosalino Ortiz, Guarani

‘Nous existons. Je veux dire au monde que nous sommes vivants et que nous voulons être respectés en tant que peuple.’ Marta Guarani

L’histoire des peuples indigènes du Brésil a été marquée par la brutalité, l’esclavage, la violence, les maladies et le génocide.

Lorsque les premiers colonisateurs européens arrivèrent en 1500, ce qui est aujourd’hui le Brésil était peuplé d’environ 11 millions d’Indiens, répartis en 2 000 tribus. Durant le premier siècle du contact, 90% d’entre eux furent décimés, en majorité à cause des maladies importées par les colonisateurs, telles que la grippe, la rougeole ou la variole. Durant les siècles suivants, des milliers d’autres moururent, réduits en esclavage dans les plantations d’hévéa et de canne à sucre.

Au terme de cinq siècles de meurtres, tortures, épidémies et exploitation qui ont ravagé leur population, celle-ci chuta dans les années 1950 à son taux le plus bas jamais atteint : elle ne comptait plus que 100 000 personnes. La population chuta tellement que l’éminent sénateur et anthropologue Darcy Ribeiro estima qu’au siècle dernier une tribu disparaissait tous les deux ans et prédit que les Indiens disparaitraient totalement dans les années 1980. L’on estime qu’en moyenne, une tribu a disparu tous les ans au cours du siècle dernier.

L’on estime à 1 500 le nombre de tribus ayant disparu depuis l’an 1500.

En 1967, Jader Figueiredo, un procureur fédéral, publia un rapport de 7 000 pages répertoriant les innombrables atrocités et crimes commis à l’encontre des Indiens, allant du meurtre à la spoliation des terres et à l’esclavage.

Lors de l’affaire connue comme ‘Le massacre du 11ème parallèle’, un baron du caoutchouc ordonna à ses hommes de lancer des bâtons de dynamite dans un village de Cinta Larga. Ceux qui survécurent furent assassinés par les ouvriers du caoutchouc qui pénétrèrent dans le village et les attaquèrent à coups de machette.

Ce rapport fit la une des médias internationaux et conduisit à la dissolution du Service de Protection de l’Indien (SPI) qui fut remplacé par la FUNAI, l’actuel département des affaires indigènes du gouvernement.

Survival International fut fondée en 1969 à la suite de la publication de l’article de Norman Lewis dans le Sunday Times sur le génocide des Indiens du Brésil.

La population indigène recommença à s’accroître progressivement, malgré l’ouverture de l’Amazonie au développement par les militaires durant les années 1960 à 1980. Des dizaines de milliers d’Indiens perdirent leurs terres et leurs vies devant cette nouvelle ruée vers les ressources de la forêt – barrages hydroélectriques, élevage de bétail, mines et routes. De nombreuses tribus disparurent pour toujours.

Au terme de vingt-deux ans de dictature militaire, en 1985, une nouvelle Constitution fut votée. Les Indiens et leurs partisans firent pression pour obtenir davantage de droits.

Si de nombreux progrès ont été accomplis, les Indiens ne jouissent toujours pas de la propriété foncière collective à laquelle ils ont droit en vertu de la législation internationale.

Depuis l’arrivée des Européens au Brésil, il y a plus de 500 ans, les Indiens ont subi un génocide à grande échelle et ont été spoliés de la plupart de leurs terres.

Aujourd’hui, le Brésil s’emploie à développer et industrialiser l’Amazonie à travers des projets agressifs, même les zones les plus reculées sont à présent menacées. Plusieurs barrages hydro-électriques sont en cours de construction à proximité de groupes d’Indiens isolés; des milliers d’autres Indiens seront privés d’eau, de nourriture et de terres. Ces barrages fourniront de l’énergie bon marché aux compagnies minières qui s’apprêtent à exploiter les territoires indigènes si le Congrès adopte un projet de loi promu par le lobby minier.

Dans le sud du pays, de nombreuses tribus telles que les Guarani vivent dans des conditions déplorables sous des bâches le long des routes. Leurs leaders sont pris pour cible et assassinés par des milices privées constituées d’hommes armés à la solde des éleveurs pour les empêcher de réoccuper leur territoire ancestral. Nombreux sont ceux qui se sont suicidés de désespoir devant la perte de leurs perspectives d’avenir.

La réponse du peuple guarani profondément spiritualiste à la dépossession de ses terres a été une vague de suicide unique en Amérique du Sud. Depuis 1986, plus de 517 Guarani se sont donné la mort, le plus jeune n’avait que neuf ans.

En octobre 2012, un groupe de 170 Kaiowas (les Guarani du Brésil) (...) après qu'un ordre d'expulsion ait été émis par un juge fédéral, a déclaré qu'ils étaient prêts à accepter leur extinction. Selon une lettre envoyée au Conselho Indigenista Missionário (...) :

“Nous allons déjà être tués, donc nous voulons être tués et enterrés avec nos ancêtres ici où nous sommes aujourd'hui. Par conséquent, nous demandons au ministère fédéral de la Justice et de ne pas arrêter notre expulsion, mais nous leur demandons de décréter notre mort en masse et de nous enterrer tous ici. (...) Ceci est notre demande aux juges fédéraux. Nous attendons dès maintenant cette décision de la justice fédérale. (...) Étant donné que nous avons pleinement décidé et que nous n'allons pas quitter cet endroit mort ou vivant."

Un Guarani confiait même à Survivalinternational, une association de défenses des peuples indigènes: "Nous n’avons pas d’avenir, nous ne sommes pas traités avec respect, il n’y a pas d’emplois pour nous et il n’y a pas de terre où nous pouvons cultiver et vivre. Nous choisissons de mourir parce qu’en fait nous sommes déjà morts à l’intérieur".

Un racisme endémique persiste vis-à-vis des Indiens du Brésil. Au regard de la loi, ils sont toujours considérés comme des mineurs. L’objectif principal des peuples indigènes du Brésil est le contrôle de leurs terres – le Brésil est l’un des deux seuls pays sud-américain à ne pas encore reconnaître leurs droits à posséder la terre.

La tribu la plus nombreuse aujourd’hui au Brésil, les Guarani, qui sont 51 000, est quasiment privée de terres. Au cours des cent dernières années, la presque totalité de leur territoire a été spoliée et transformée en vastes pâturages d’élevage, en plantations de soja et de de canne à sucre. De nombreuses communautés sont entassées dans des réserves surpeuplées, d’autres vivent sous des bâches au bord des routes.

Le groupe qui occupe le plus vaste territoire est celui des Yanomani, une tribu relativement isolée forte de 19 000 membres qui occupe 9,4 millions d’hectares au nord de l’Amazonie, une superficie légèrement plus grande que celle de la Hongrie.

La tribu amazonienne la plus nombreuse est celle des Tikuna, forte de 40 000 membres.

La population de nombreux groupes amazoniens n’atteint pas un millier d’individus. Par exemple, les Awà sont seulement 450.

Les Xetá ont été quasiment décimés dans les années 1950, lorsqu’ils ont été dépossédés de leurs terres. En 1999, il ne restait plus que huit survivants, trois hommes et cinq femmes, tous parents.

Les Goitacá, qui vivaient sur la côte de Rio de Janeiro, ont été décimés suite à des combats armés avec les colons européens.

Les Umutina ont été décimés par la rougeole et d’autres maladies. Alors qu’on en dénombrait 400 en 1862, seuls 73 avaient survécu en 1943. Leur population a tendance à s’accroître de nouveau lentement aujourd’hui.

La construction de l’autoroute BR-364, financée par la Banque mondiale, dans la vallée fertile où étaient établis les Nambiquara a eu des conséquences désastreuses sur cette population. Ils étaient 7 000 en 1915, seuls 530 étaient encore en vie en 1975.

Les Nambiquara sont aujourd’hui 2 000, mais leurs territoires continuent d’être envahis par des chercheurs de diamants, des exploitants forestiers et des éleveurs.

‘Ils ont tout subi, les chiens, les chaînes, les winchesters, les mitraillettes, le napalm, l’arsenic, les vêtements contaminés, les certificats falsifiés, les expulsions, la déportation, les routes, les barbelés, les incendies, le bétail, les décrets légaux et la réalité qui les fait mentir’, Darcy Ribeiro, sénateur et anthropologue brésilien.

Les Kawahiva vivent à 1 400 kilomètres de Cuiabá (à mi-chemin des stades de Manaus et de Cuiabá), ils sont l’une des tribus isolées les plus menacées au monde.

Les Krenak ne sont plus aujourd’hui que 350.

Le nom de Manaus a été donné à cette ville après l’extinction de la tribu des Manáos. Menés par le grand leader Ajuricaba qui était parvenu à unir plusieurs tribus rebelles, les Manáos ont âprement résisté à la domination portugaise dans cette région avant d’être finalement vaincus.

Manaus a connu une brusque expansion à la fin du XIXe siècle grâce à l’essor de l’industrie du caoutchouc. Des dizaines de milliers d’Indiens ont été réduits en esclavage et forcés de récolter la sève de l’hévéa. Ils ont été victimes d’effroyables atrocités – des milliers d’entre eux sont morts des suites de torture, de maladies et de malnutrition. Certains sont parvenus à échapper à l’esclavage en se réfugiant dans les lointaines contrées reculées où les affluents de l’Amazone prennent leur source, et où ils vivent encore aujourd’hui, fuyant tout contact avec la société nationale.

Le territoire des Waimiri Atroari se situe à une centaine de kilomètres de Manaus. Depuis le XVIIIe siècle, cette tribu a vaillamment résisté aux invasions de chasseurs et d’exploitants de caoutchouc et beaucoup trouvèrent la mort au cours de violents conflits. Un contact a cependant été établi au moment où le gouvernement construisit à coups de bulldozers une route traversant leur territoire. Des centaines d’entre eux trouvèrent la mort suite à des maladies ou au cours de violentes confrontations avec les unités militaires déployées pour en finir avec la rébellion. Le général Gentil Noguera Paes annonça alors : ‘Nous achèverons coûte que coûte la construction de cette route, même si cela implique d’ouvrir le feu sur ces Indiens criminels. Ils nous ont déjà suffisamment provoqués et ils entravent l’avancement des travaux’. Aujourd’hui, la Commission nationale pour la vérité enquête sur les atrocités commises à l’encontre des Waimiri Atroari au cours de cette période.

En 1988, la population des Waimiri Atroari ne comptait plus que 374 individus sur les 6000 qu’ils étaient auparavant. Ils sont aujourd’hui 1 500. L’on estime qu’au moins un groupe d’Indiens isolés vit sur leur territoire.

A seulement 370 kilomètres de Manaus vivent deux groupes d’Indiens isolés. Le Brésil abrite plus de tribus isolées que n’importe quel autre pays au monde ; la FUNAI les estime à plus de 80. Nombre d’entre eux, tels que les Kawahiva et les Awà, fuient constamment devant le front de bûcherons lourdement armés et les éleveurs qui détruisent leur forêt.

A seulement cinq heures de route de Brasília, de petits groupes d’Indiens se terrent dans l’immensité du maquis broussailleux. Ce sont les Avá Canoeiro, qui ne sont plus que 24 aujourd’hui – les derniers survivants d’une tribu fière et forte qui vit constamment en fuite depuis 1780 et qui est au bord de l’extinction. Au début des années 1980, des centaines d’ouvriers recrutés pour construire un barrage hydroélectrique sur la rivière Tocantins se sont installés sur leurs terres.

Sur les 23 tribus de la côte nord-est, seuls les Fulnios ont conservé l’usage de leur langue.

Cette région a été l’une des premières à être colonisée. Elle est aujourd’hui le théâtre des conflits fonciers les plus acharnés. Les Pataxó Hã Hã Hãe ont lutté pour la défense de leurs droits territoriaux pendant des décennies, au cours desquelles ils ont été victimes de violence et plusieurs de leurs leaders ont été assassinés.

A six heures de route de Salvador, les Indiens Tupinambá sont actuellement pris pour cible par la police qui lance des raids sur leurs villages dans le but de les faire fuir de leurs terres destinées à l’élevage intensif de bétail. En août 2013, quatre Tupinambá ont été assassinés, leurs corps mutilés, et 26 maisons détruites.

Les communautés indigènes du sud du Brésil – les Guarani Mybá, les Guarani Ñandeva, les Kaingang, les Xokleng et les Xetá, ayant été spoliés de la plus grande partie de leur territoire pendant la période coloniale, vivent sur des parcelles extrêmement réduites.

Maracanã, en langue tupi, signifie ‘perroquet’ (et sous la forme ‘maraca-na’, il peut également désigner des maracas, instruments à graines utilisés lors des cérémonies religieuses guarani). Son nom officiel est ‘stade Mário Filho’. Il est situé à Rio de Janeiro.

Quand les travaux de rénovation ont débuté dans la perspective de la Coupe du monde 2014, un groupe de 70 Indiens, de 17 tribus différentes, qui vivait dans une demeure abandonnée datant du XIXe siècle, a été expulsé et le bâtiment détruit, afin de permettre la construction d’un parking géant et d’un musée du football. Les Indiens demandaient que le bâtiment soit épargné et converti en centre culturel indigène.

Cette demeure coloniale avait abrité en 1901 le premier institut de recherche sur les cultures indigènes. Peu de temps après, elle hébergea le bureau principal du Service de protection des Indiens, devenu aujourd’hui la FUNAI. Jusqu’en 1978, c’était le siège administratif du musée de l’Indien.

A une centaine de kilomètres au nord-est de Belo Horizonte, se trouve le territoire des Indiens krenak et pataxó, appelé ‘Fazenda Guarani’. Ces deux groupes ont subi de lourdes pertes au cours de leurs combats de résistance contre l’expansion coloniale.

Dans les années 1960, le gouvernement brésilien construisit deux prisons secrètes administrées par la police militaire qui était chargée de punir et de rééduquer les Indiens qui avaient résisté à l’invasion de leurs terres. Un ancien détenu les a comparées à des camps de concentration où les Indiens étaient contraints au travail forcé et s’ils refusaient, ils étaient battus et placés à l’isolement. ‘J’ai été détenu dans l’une de ces prisons pendant douze ans. Les policiers nous battaient tellement, nous les Krenak, que nous devions ensuite nous immerger dans de l’eau salée pour soulager la douleur’, a témoigné Manelão Pankararu.

Aujourd’hui, la Commission nationale pour la vérité enquête sur les mauvais traitements infligés dans les prisons aux Indiens détenus.

Le lac artificiel du barrage pour la construction du stade de football de Brasília a englouti leur dernier refuge et leurs territoires de chasse. Lorsque la construction a commencé, la FUNAI mit sur pied une mission d’urgence pour entrer en contact avec les groupes survivants – il est vite devenu évident que très peu d’Avá Canoeiro étaient encore en vie. Mais, en 1983, elle parvint finalement à entrer en contact avec un couple, Iawi et Tuia, accompagnés de la tante et de la mère de Tuia, Matcha et Naquatcha. Ce petit groupe avait survécu à un massacre en 1962 et avait ensuite passé vingt ans caché dans des excavations perchées dans les montagnes.

Iawi et Tuia ont eu deux enfants, Trumak et Putdjawa, qui vient lui-même d’avoir un enfant avec une Indienne tapirapé, appelé Paxeo.

Un autre petit groupe d’une douzaine d’Avá Canoeiro a été contacté en 1973. Presque tous portaient des cicatrices causées par les balles des hommes de main du ranch de Camagua, appartenant à une banque brésilienne. Ils ont été retrouvés vivant cachés dans un marécage – leur dernier refuge sur ce qui avait été leur territoire de chasse, aujourd’hui cerné de barbelés. Ils souffraient de malnutrition. Ce groupe compte moins de vingt personnes.

Pour certains autres groupes, leur taille a été tellement réduite qu’ils ne comptent même plus les 11 membres nécessaires pour composer une équipe de football :

5: Tribu Akuntsu (État de Rondônia). Ils ne sont que 5.

4: Tribu Juma (État d’Amazonas)

3: Tribu Piripkura (État de Rondônia)

2: Indiens de la rivière Tapirapé (État de Maranhão). (L’un d’eux étant probablement décédé aujourd’hui)

1: ‘Le dernier de sa tribu’/ l’homme dans le trou (État de Rondônia).

En effet, la plus petite tribu ne compte qu’un seul individu, un homme qui vit en Amazonie occidentale, à l’ouest du Brésil, sur une toute petite parcelle de forêt cernée par des fermes d’élevage et de plantations de soja, et qui refuse toute tentative de contact.

Brésil : le ballon qui cache la forêt... massacrée

Nixiwaka Yawanawa, un Indien d’Amazonie brésilienne, a accueilli le trophée de la Coupe du monde à son arrivée à Londres vêtu d’un T-shirt portant le slogan ‘Brésil : arrêtez le massacre des Indiens’. Arborant la coiffe de sa tribu et des peintures faciales, Nixiwaka a attiré l’attention sur l’offensive brésilienne contre les droits indigènes.

Coca-Cola et la FIFA ont empêché Nixiwaka d’afficher le slogan sur son T-shirt tout en posant à côté du trophée.

La forêt amazonienne se meurt. La Coupe du monde de football 2014 au Brésil est un prétexte à l'accélération de sa destruction et du génocide des peuples indigènes.

Depuis que la FIFA a désigné le Brésil comme terre d'acueil de la Coupe du monde de football 2014, celle-ci est devenue - avec les prochains J.O. de Rio 2016 - une opportunité pour les autorités et les géants des secteurs de l'agroindustrie, de l'énergie et des mines du pays d'accélérer l'industrialisation de zones de forêts protégées et la déliquescence des droits des peuples indigènes sur leur territoires, tant convoités.

La Coupe du monde 2014 s’est tenue dans une atmosphère électrique, de nombreuses manifestations et émeutes ayant eu lieu pour dénoncer un immense gâchis d'argent public et des violations aux droits humains insoutenables ("nettoyage" de favelas, expulsions sommaires de milliers de familles pauvres, expulsion de la communauté indigène Aldeia Maracana ...). Le mouvement anti-Coupe du monde 'Não vai ter copa (la Coupe du monde n'aura pas lieu)' a reçu une grande adhésion citoyenne dans un pays où le football est roi.

Les forêts tropicales abritent parmi les dernières tribus indigènes du globe. En coupant les arbres, nous détruisons ces peuples et en même temps leur culture, leurs connaissances, leur science. L’humanité prend le risque de se priver de ce savoir. Plus de 1 000 tribus vivent dans les forêts vierges tropicales. La majeure partie d’entre elles est en voie d’extinction, luttant contre les envahisseurs qui pénètrent sur leurs terres illégalement. Leur disparition provoquerait la perte de tout leur patrimoine culturel mais aussi d’un savoir-faire dont le monde moderne a encore besoin aujourd’hui.

La faune et la flore comestibles sont rares dans la forêt amazonienne. Cependant, les Indiens ont su s’adapter à cet univers complexe et tirer parti de sa diversité. Ils se déplacent en fonction des ressources forestières et s’adaptent aux capacités de régénérescence du lieu où ils s’installent. Ils subsistent principalement grâce à la chasse, la pêche et la cueillette. Dans les sociétés traditionnelles, les Indiens dépendent entièrement, beaucoup, peu ou à peine de leurs cultures. Certains cultivateurs itinérants plantent des semences qu’ils laissent se développer seules et reviennent quelques mois plus tard pour la récolte. D’autres cultivateurs sont plus sédentaires. « Les Indiens d’Amazonie pratiquent la culture sur terres déboisées et brûlées depuis des millénaires. Conscients de la fragilité de leur environnement, les parcelles qu’ils laissent en jachère sont suffisamment petites pour que la jungle se reconstitue d’elle-même. » On a pu remarquer que les jardins abandonnés par les Indiens depuis plus de quarante ans sont deux fois plus riches en espèces que les terrains environnants. Les pratiques de gestion traditionnelle permettraient donc aux ressources de se renouveler tout en satisfaisant les besoins des Indiens. Au contraire, les défrichements massifs voués aux plantations et aux pâturages ne permettent pas à la forêt de se régénérer. « Les habitants de la forêt vierge la considèrent comme une terre nourricière, et non comme une menace. »

La Fondation nationale de l’Indien, la Funai, prétend que les intérêts des Indiens passent par leur intégration socioculturelle dans la société moderne. La population non indienne établie en Amazonie a augmenté de 1 000 % entre le milieu des années 1950 et aujourd’hui. Toutes les activités qui font venir des hommes en Amazonie apportent aussi des maladies contre lesquelles les Indiens ne sont pas immunisés, et l’alcool, qu’ils ne supportent pas. Malgré les promesses d’action, le gouvernement tarde à expulser les chercheurs d’or, mineurs et autres occupants illégaux des territoires indiens.

Au début de notre siècle les Indiens du Brésil n’étaient plus que 500 000. Aujourd’hui ils ne sont guère plus de 70 000 environ.

Ils vivent dans la préhistoire. Certes, cela peut paraître incroyable qu’en plein XXe siècle des gens vivent encore comme ces Indiens, mais cela ne justifie pas à leur égard un étonnement agressif, car pour eux le XXe siècle n’a pas le même sens que pour nous. Chaque peuple se développe selon son lieu géographique et les circonstances extérieures. Ce qui doit plutôt nous étonner d’abord, et nous révolter ensuite, c’est que ces hommes-là soient pratiquement mis au ban de la société dite civilisée ...

Les territoires indigènes sont en train d’être détruits par des hommes avides dont le seul but est de s’enrichir en approvisionnant le marché international de soja, de viande… Le fléau est l’agro-carburant : l’éthanol est fait du sang qui jaillit des veines des indigènes et inonde leur terre ancestrale.

Cam

Source : survivalinternational 2014

 
 
 

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