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Ils partaient à la Nouvelle

  • Photo du rédacteur: Reni Andcam
    Reni Andcam
  • 23 avr. 2016
  • 4 min de lecture

« On a les mayflower qu'on peut ».

« Longtemps la terre de Nouvelle-Calédonie a retenti du bruit des chaînes. Il se disait alors qu'aller à la « Nouvelle », c'était partir au malheur ». L.J Barbançon

De tout temps, les grands de ce monde ont cherché à se débarrasser des « indésirables » qui gangrenaient leur pays : Louis XV les éloigne.

En 1748, il ouvre les trois premiers bagnes métropolitains (Brest, Rochefort, Toulon) ; en 1788, les anglais les expédient dans l'une de leurs colonies des antipodes, en Australie, à Botany bay ; en 1853, la France ouvre le premier bagne outre-mer, en Guyane française, à Cayenne.

Mais, l'affaire n'est pas rentable : le climat, les maladies, les animaux et autres fléaux provoquent de telles vagues de mortalité que la fermeture du bagne est décidée.

L'on se soucie davantage de la vie des surveillants, fonctionnaires de l’État, qui tombent comme des mouches, que de celle des forçats.

La loi du 30 mai 1854 sur l'exécution de la peine des travaux forcés dans une colonie pénitentiaire autre que l'Algérie prévoit que les condamnés puissent obtenir une concession de terrain après leur libération.

En Nouvelle-Calédonie, où les conditions de vie sont plus favorables, l'Iphigénie accoste le 9 mai 1864, entré en rade de Port de France (rebaptisée Nouméa en 1866) débarquant 248 transportés (condamnés aux travaux forcés) choisis parmi les « pensionnaires » du bagne de Toulon, les tous premiers d'une longue série. Le navire n'est pas accueilli par des chants et des danses, comme le sont aujourd'hui les croisiéristes.

A son bord, des hommes au passé peu glorieux, envoyés à « La Nouvelle » pour expier leurs crimes. Mais aussi pour bâtir et peupler cette colonie fraîchement acquise (la Nouvelle-Calédonie est décrétée « terre de bagne » le 2 septembre 1863).

Ils ont été sélectionnés selon des critères précis : condamnés à huit ans de travaux forcés au moins, aptes à exercer « certaines professions ouvrières, principalement celles du bâtiment», ces hommes ne devront toutefois pas être trop pervertis : une fois leur peine accomplie, il leur faudra créer une société nouvelle.

Ils sont jeunes, 35 ans en moyenne et robustes.

Mais, Théodule Aubry, lui, n'a que 17 ans. Ils sont maçons, terrassiers ou manœuvres, charpentiers, menuisiers, tailleurs de pierre, forgerons ou encore boulangers et bouchers …

L'on leur confie les grands travaux architecturaux et routiers, principalement le remblai, et la ville de Nouméa s'assied peu à peu sur la terre conquise grâce au travail des premiers transportés, des prisonniers de droit commun.

Installée sur l'île de Nou, à l'île des Pins ou répartie en divers points du territoire, cette main d’œuvre bon marché, souvent excellente, a bâti les monuments les plus prestigieux de la Nouvelle-Calédonie.

La plupart sont faiblement instruits.

Sauf Pierre Ducos, condamné pour tentative de vol, qui est « professeur ».

Ils s'appellent Edmond Delval, arrêté pour la première fois à 11 as ; ou encore Alexandre Bourrifé, ce condamné à mort fusillé le 17 juin 1865 dont l'exécution donne lieu à « une horrible scène … » A la Nouvelle, il n'existait alors pas de guillotine.

Mais, il y a aussi Ambroise Thibaut, dont l'on dit qu'il est « d'une scélératesse profonde et incorrigible ».

Que vient faire ce cas irrécupérable dans « cette galère » ?

L'administration a certainement préféré s'en débarrasser !

La France, leur mère patrie (pour la plupart, ils sont français), les a chassés.

Elle les a envoyés au bout du monde avec un billet d'aller simple.

Pour ces voleurs, cambrioleurs, assassins, pervers sexuels, faussaires ou faux monnayeurs …, pas question de retour.

La destinée des femmes célibataires ou veuves est toute tracée depuis leur départ : elles sont transportées pour être mariées.

Embarquées sur l'Isis, la Sybille ou la Virginie, elles espéraient améliorer leur condition, trouver une réhabilitation dans l'exil, créer une famille.

Elles ne sont pourtant que des utérus vagabonds qui participeront au peuplement.

Elles mourront jeunes, après avoir connu des conditions de vie déplorables.

Cent un enfants sont nés de ces « colons malgré eux ».

En 1874, arrivent les premiers algériens, condamnés de droit commun ou prisonniers politiques de la révolte kabyle de 1871.

De 1864 à 1897, la France aura envoyé en Nouvelle-Calédonie quelque 21 000 transportés, 4 400 déportés politiques (communards) et 3 300 relégués (récidivistes) auxquels s'ajoutent un millier de femmes.

Des migrants volontaires ont participé au peuplement de l'archipel.

L'on les appelle les « colons Feillet », du nom du gouverneur Paul Feillet, arrivé en juin 1894.

En 1931, la Nouvelle-Calédonie cesse d'être une colonie pénitentiaire.

L'utopie de la colonisation pénale aura duré 33 ans.

En 1897, la III République se résout à « fermer le robinet d'eau sale », selon les termes du gouverneur Feillet, pour des raisons budgétaires. Mais non du fait de la grandeur d'âme de ses dirigeants.

L'époque du bagne (1864-1924) a fortement marqué l'histoire de la Nouvelle-Calédonie, gravant de cruels stigmates dans la mémoire collective.

L'évocation de cette triste période a longtemps été tue.

Une loi a même exigé que les bâtiments portant « les traces de l'infamie » soient détruits.

De nombreux édifices, fleurons de l'architecture pénitentiaire, ont ainsi été rasés ; d'autres ont été affectés à l'administration.

Mais les historiens ont démontré que plus de soixante quinze pour cent de la population calédonienne de souche descendait de la colonisation pénale et la Nouvelle-Calédonie a assumé son passé.

Cam.

 
 
 

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