... A-t-on des nouvelles de Monsieur de Lapérousse ?

Après Cook, en 1774 et avant Entrecastreaux en 1793, Jean-François de Galaup, comte de Lapérousse, né à Albi en 1741 est bien l’un des “découvreurs” de la “Nouvelle-Calédonie”.

Peu avant la fin du siècle des lumières, Louis XVI cherche un homme capable de “cartographier toutes les terres ayant échappé à l’œil de Cook”, sillonner les océans à sa suite, reconnaître les cotes de l’Alaska et du Kamtchaka, étudier les possibilités de commerce des fourrures entre l’Amérique et la Chine ...

Le Roi de France, homme de lettres, d’art et de science, devine que le navigateur anglais a laissé de grandes pages blanches dans l’histoire.

Il se disait même alors que la Terra Australis n’existait pas !

L’ambition est aussi politique : la France, au faite de son prestige, se doit de dépasser sa grande rivale, l’Angleterre, dont la réputation sur les mers n’est plus à faire.

Mais le roi exige que les indigènes des îles explorées soient traités avec respect et générosité, sans effusion de sang : le seul gentilhomme qu’il juge digne de cette mission est bien le comte de Lapérousse.

Un homme de valeur, cultivé, généreux, profondément humain, en qui Louis XVI a placé toute sa confiance.

Deux frégates de 500 tonneaux quittent Brest la 1er août 1785, spécialement aménagés en vue d’un périple prévu pour durer quatre ans : La Boussole, commandée par Lapérousse, et l’Astrolabe, confiée à son ami Paul Fleuriot de Langle.

A leurs bords, les plus grands esprits du siècle : l’astronome Lepaute Dagelet, le naturaliste La Martinière, le physicien et minéralogiste Lamanon, des médecins, des ingénieurs ...

A Versailles, le roi suit attentivement le trajet de la prestigieuse expédition, en établissant même le tracé de sa propre main.

Près de trois ans plus tard, le 7 février 1788, Lapérousse expédie un dernier courrier de Botany Bay, en Australie, annonçant son départ pour la Nouvelle-Calédonie.

L’Astrolabe et La Boussole lèvent l’ancre le 10 mars 1788 ...

Sans nouvelles depuis trois ans, Louis XVI ignore si le comte Lapérousse est parvenu à destination.

1792, quelques mois avant la mort de Louis XVI.

Dévoré par l’inquiétude, le roi a envoyé le contre-amiral Antoine-raymond-Joseph Bruny d’Entrecastreaux, devenu vice-amiral le 29 juin 1792, né à Aix en Provence le 7 novembre 1737, sillonner l’océan à la recherche de la Pérousse et des deux navires, La Boussole et l’Astrolabe, avec les frégates La Recherche et L’Espérance.

Le 16 juin 1972, il arrive en vue de l’île des Pins, mais redoute de franchir le récif et n’y débarque pas.

Au nord de la grande terre, Entrecastreaux découvre “les récifs d’Entrecastreaux”.

En mai 1793, l’expédition approche de l’île de Vanikoro (îles Santa Cruz - îles Salomon), que d’Entrecastreaux baptise “île de la recherche” sans y aborder.

Le célèbre ingénieur Beautemps-Beaupré, père de l’hydrographie moderne, cartographie la côte ouest depuis le large.

L’expédition quitte la Nouvelle-Calédonie sans trouver trace d’un éventuel passage de la Pérousse.

En 1828, Dumont d’Urville découvre les restes de l’expédition de la Pérousse.

L’on réalise alors qu’en ce 19 mai 1793, des naufragés de Lapérousse vivaient encore probablement dans l’île que d’Entrecastreaux venait de frôler.

Louis XVI, mort sous la lame de la guillotine le 21 janvier 1793, quelques mois avant l’arrivée d’Entrecastreaux dans la région, ne saura jamais quel fut le funeste destin du comte de Lapérousse, pris dans un terrible cyclone.

L’histoire aura laissé cette page blanche pendant deux siècles.

Cam

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