Quand désert gastronomique rime avec calories
- Reni Andcam
- 29 févr. 2016
- 7 min de lecture
Vous avez été nombreux à nous questionner sur ce que l’on mangeait.
Soyons francs, si l’on peut manger à prix très correct en Amérique, l’on n’y fait que rarement un repas gastronomique.
Honnêtement, ce n’est pas le continent le plus conseillé pour maintenir sa forme pendant un voyage.
La cuisine est grasse, roborative et desséchée.
Tout ou presque est très frit dans l’huile et grassouillet, y compris le poisson et la truite d’élevage saumonée du lac Titicaca en Bolivie.
La cuisine est dépourvue de variété et de saveur.
Autres ingrédients de base : pseudo-fromage, bananes plantains, yuca (manioc), pomme de terre omniprésente dont la frite est reine, haricot noir et rouge, riz, maïs dont le mole tout blanc.
Le légume est l’ennemi public numéro 1, tout juste toléré pour la décoration.
L’on ne lésine pas sur le sel, l’huile et le sucre.
En revanche, les aromates et les épices brillent par leurs absences.
Les incontournables sont les parilladas ( assortiment de viandes cuites à la braise sur un mini-grill nommé la parilla), le poulet-frit frites, le fish and chips (poisson frit frites) et les tamales, humitas au Chili (purée de maïs cuite à la vapeur dans une feuille de maïs).
Les panqueques, les pizzas, les burgers, les hot-dogs et les wings (ailes de poulet frites) gagnent du terrain sous l’influence des États-Unis.
Les espagnols ont légué les churros (beignets frits trempés dans le sucre et la cannelle).
Arrosez d’huile en grande quantité, faites frire, rissolez, mélangez, parsemez de sel en grande quantité et vous obtenez un arc-en-ciel de spécialités assez semblables déclinant tous les ingrédients de base sus-mentionnés.
Les américains y compris les latins sont friands de boissons sucrées, du célèbre coca-cola aux sodas aux saveurs chimiques en passant par le pepsi-cola, dès le biberon et dès le petit-déjeuner.
Il faut dire qu’ils coûtent moins cher que l’eau dispendieuse.
Dans la région des caraïbes, le lait de coco entre dans la composition de nombreux plats, à l’instar :
- au Nicaragua, du célèbre rundow d’origine jamaïcaine (ragoût de viande ou poisson, bananes plantains, arbre à pain et manioc) ;
- du pan de coco (pain de coco) ;
- au Belize, du rice and beans (riz et haricots rouges cuits dans le lait de coco) ;
- au Guatemala, du tapado (une sorte de bouillon de poisson, bananes plantains, crème de coco).
Le bœuf est un véritable régal, surtout en Argentine, à condition toutefois de savoir expliquer la cuisson désirée.
Les grillades, surtout les churrascos (steaks grillés très minces) sont souvent très cuits pour ne pas dire carbonisés.
Il faut beaucoup de persuasion pour obtenir une viande saignante ou bleue.
Rouge, avec du sang, avec beaucoup de sang, peu cuit, un aller-retour en mimant avec mes mains ...
Finalement, en désespoir de cause, j’ai opté pour le mot cru, sans forcément toujours plus de succès.
Le continent se décline en une grande variété de fritures :
- les chicharrones (couennes de porc frites) ;
- les empanadas (sortes de chaussons pour ne pas dire beignets maigrement fourrés) ;
- en Bolivie, les salteadas (sortes de chaussons fourrés sucrés-salés) ;
- au Brésil, les salgados (beignets très salés à la pâte très épaisse, maigrement fourrés à la viande, au poisson, fromage ou aux légumes) et à Salvador de Bahia, l’acajaré (contient des pois chiches sous forme de boules, frits dans l'huile de palme puis farcis de vatapa et caruru (pâtes épicées faites de crevettes séchées, des noix de cajou et... encore plus d'huile de palme) ;
- en Équateur, les bolon de verde (beignet de banane plantain fourré au fromage) ;
- les nachos recouverts de salsa (sauce), fromage fondu, guacamole, haricots rouges et viande hachée.
Inutile de souligner qu’elles calent bien leur monde !!!
Au Mexique, le maïs est un aliment de base qui sert à préparer les tortillas et les tamales accompagnés de riz et de haricots.
Les plats traditionnels sont composés de tortillas et de salsas (sauces) riches en accompagnement.
Le Mexique fait la part belle aux en-cas assez gras, le plus souvent frits :
- tacos fourrés à la graisse de porc ;
- quesadillas (tortillas garnies au choix de fromage, viande, champignons, fleur de courgette, cervelle, chicharrones c’est à dire couenne de porc frites) ;
- enchiladas (tortillas fourrées de viande ou de poulet, avec du fromage, mijotées dans une sauce au piment avec de la tomate et des oignons ) ;
Inutile de souligner que c’est très lourd !!!
- chilaquiles (morceaux de tortillas frites avec oignons, fromage râpé, chili et crème fraîche) ;
C’est encore plus lourd !!!
- gorditas, “petites grosses” en français (petites galettes épaisses nature ou fourrées au fromage, à garnir de l’accompagnement de son choix) ;
Elles prennent un long bain dans l’huile !!!
- tortas (sandwiches à la saucisse, au jambon ou au chorizo, viande de porc ou de bœuf, œufs, fromage, avocat, salsa) ;
- mangues badigeonnées de piment et de chamoy ;
- épis de maïs recouverts en grande quantité de mayonnaise et de ketchup.
Autres plats emblématiques :
- le mole poblano (poulet ou dinde sauce chocolat : une multitude de piments et d’épices, cacao, noix, cacahuètes, anis) ;
- Comme au Honduras, le pozole (ragoût de tripes).
Ce qui explique que le Mexique détient le plus haut taux d’obésité du monde, avant les États-Unis !!!
32,8 % des adultes mexicains sont obèses et 70 % sont en surpoids.
Le reste du continent n’est pas épargné.
Le taux d'obésité a explosé dans toute l'Amérique du Sud et en Amérique centrale, des régions dans lesquelles il a triplé par endroits.
Des femmes au corps parfait allongées en bikini sur la plage tandis que des Apollons jouent au foot : telle est l'image d’Épinal du Brésil, pays où le culte du corps frise souvent l'obsession.
En réalité, le surpoids gagne du terrain et touche déjà la moitié de la population.
Le petit-déjeuner typique du Guatemala est le chapin (œufs, purée de haricots, un bout de fromage, bananes frites).
Au Nicaragua et au Costa Rica, le plat typique (plato tipico) est le gallo pinto, littéralement coq petit (riz frit et haricots rouges frits à accompagner de tortillas).
Autres plats emblématiques du Nicaragua :
- les tostones (tranches de bananes plantains deux fois frites parfois recouvertes de fromage fondu) ;
- les tajadas (bananes frites façon chips) ;
- les maduros (bananes plantains moelleuses).
Au Honduras, le plat typique se compose d’un morceau de viande (bœuf, porc, poulet), d’œufs (au plat ou brouillé), de haricots noirs, de riz, de tranches de bananes plantains frites, crème, fromage et d’une saucisse ou d’un bout de bacon servi avec bien évidemment, des tortillas (les fameuses galettes de maïs).
Au Costa Rica, l’autre plat typique est le casado (salade de crudités, le plus souvent du chou, du riz blanc en grande quantité, des haricots et un échantillon de viande : bœuf, poulet).
Au Panama, le plat typique est là encore à base de riz accompagné de haricots.
Le plat national, le sancocho, ragoût de poulet aux épices et aux légumes n’a tristement rien à voir avec son homologue de République dominicaine que je cuisinais à la maison.
Le manioc, les bananes plantains et les pommes de terre lui donnent une consistance épaisse et une couleur blanchâtre.
Inutile de vous dépeindre ma déception !!!
En Équateur, le plat typique est le cuy (cochon d’inde) à la chair assez grasse.
Inutile d’insister sur le fait que c’est écœurant et difficile à digérer !!!
Autres plats emblématiques, la fritada (porc cuit en entier) et le locro (soupe de pommes de terre avec avocat, fromage, graines de lupin et tripes).
En Bolivie, le plat typique est le pique macho (mélange de viande, saucisses en dés, frites froides, oignons et autres légumes, avec un œuf sur le dessus).
Au Pérou, comme au Chili, le plat typique est le lomo a la pobre (échine de porc accompagnée d’oignons et surmonté d’un ou deux œufs sur le plat).
Inutile de souligner que ça cale !!!
Au chili, autre plat typique, la chorillana (un plat de pommes de terre frites dans lequel on ajoute différents types de viande et d’autres ingrédients comme des œufs et des oignons frits).
Le plat populaire porotos granados, à base de haricots, potiron, maïs, ail et oignons se révèle finalement extrêmement pauvre en légumes.
Inutile une fois de plus de dépeindre ma déception !!!
A l’instar du choclo en Bolivie (purée de maïs), le chili cuisine le pastel del choclo (une sorte de hachis parmentier avec à la place des pommes de terre, une sorte de polenta de maïs. La farce est constituée de plusieurs viandes, de raisins et d’oignons).
L’huile de palme est l’ingrédient de base du brésil.
Inutile de rappeler qu’une cuillère à soupe d'huile de palme contient sept grammes d'acides gras saturés.
Autres ingrédients emblématiques : la farine ou la purée de manioc et pour varier, les haricots noirs et rouges.
Le plat national est la feijoada (haricots mijotés avec pieds, queue et oreilles de porc salé, poitrine et des saucisses fumées, viande de bœuf fumée, revenus à l’huile de palme).
La carne do sol est une viande de bœuf séchée au soleil, salée et boucanée.
Inutile de vous expliquer qu’elle n’a plus grand chose à voir avec de la viande de bœuf !!!
Autres plats emblématiques particulièrement autant lourds qu’insipides :
- la farofa (semoule de manioc frite à laquelle l’on ajoute au choix petits morceaux de carne do sol, saucisse, œufs, haricots) ;
- la vatapa (purée à base de mie de pain ou de farine de blé, crevettes, lait de coco, noix de cajou) ;
- le barreado (viande mijotée mélangée à de la farine de manioc ce qui lui donne une consistance pâteuse).
Sur l’ensemble du continent, la quantité prime ...
Les plats sont gargantuesques.
Au Brésil, les plats sont pour deux personnes.
En matière de buffet, l’on distingue les restaurants ao kilo et les rodizio à volonté et à prix fixe.
Imaginez un buffet de hors d’œuvres et de légumes avec un serveur qui vous sert quantité de viandes grillées à la broche jusqu’à satiété.
Imaginez aussi des lasagnes ressemblant étrangement à une assiette de restes (lasagnes, maïs, jambon, haricots, poulet etc....).
En Argentine, la viande pèse entre 500 et 800 grammes par personne.
Au Vénézuela, les tortillas laissent la place aux arepas (toujours des galettes de maïs grillées ou frites).
Seul le mot change.
Vous l’aurez compris, le continent américain, en dépit de sa fierté pour sa cuisine, n’est pas une terre de haute gastronomie.
Certes, le Pérou fait figure d’exception.
De la même manière, les énormes avocats, le guacamole, le ceviche (poisson ou fruits de mer crus marinés dans jus de citron, coriandre, oignons et tomates), le piment farci, la soupe de quinoa, la moqueca de peixe et de camarao (ragoût de poisson et de crevettes) brésilienne de Salvador de Bahia en dépit de la présence d’huile de palme et sur la côte caraïbe, le tapado (sorte de bouillabaisse de poisson à base de lait de coco) quand il est bien préparé, le poisson et les fruits de mer, notamment la langouste quand ils ne sont pas frits.
Inutile de vous dire que la cuisine française ainsi que les légumes nous ont incommensurablement manqués.
Et que nos estomacs ont réclamé un voyage supplémentaire ...
Cam.
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