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Philippines : drôles de retrouvailles asiatiques

  • Photo du rédacteur: Reni Andcam
    Reni Andcam
  • 21 févr. 2016
  • 4 min de lecture

Amérique centrale ...

Amérique du sud ...

La course effrénée contre la montre ...

Guyane française ...

Paris ...

Quinze jours de marathon pour profiter des nôtres ...

Une nuit à l’aéroport de Paris ...

Manille.

Le jour passe en mode nuit.

Nous nous trouvons dans une ville que nous n’avons jamais eu l’intention de visiter.

Elle est un passage obligé aux fins de rejoindre Palau, en Micronésie.

Cela a été plus qu’un bain dépaysant, un choc culturel, Manille.

Manille n’est pas une ville.

C’est une folie, une frénésie, une pagaille urbaine.

C’est une anarchie, un chaos indescriptible.

Pour certains, sans aucun doute, un cauchemar.

Vous êtes happés comme dans un tourbillon, par son monumental surpeuplement, son inconcevable saleté et pollution, sa gigantesque congestion automobile permanente et sa redoutable cacophonie.

Rien ni personne n’est à l’arrêt et ce, de l’aube jusque tard dans la nuit, autrement dit jusqu’à l’aube qui repointe déjà.

Ça grouille, ça fourmille.

Un mélange de moteurs en marche se pousse pousse, haletant et impuissant.

Les jeepneys (jeeps américaines reconverties en taxis collectifs et customisées aux couleurs flamboyantes et aux chromes agressifs) font la loi sur le bitume accompagnés de leurs poissons pilotes, les taxis, les 4X4, les bus bondés, les gros poids lourds, les tricycles et les sidecars, tuk tuk pour les intimes.

Ça pétarade, fume, klaxonne, crache de gros nuages de fumée noire.

Des gratte-ciel percent le ciel brumeux.

Ils scintillent de néons électriques quand l’horizon pâlit, rose bonbon.

Les enfants pullulent dans les rues, affamés, sans famille, ni avenir.

Quand l’un d’entre eux s’approche pour me vendre une rose, je ne résiste pas à la tentation de la lui offrir tout en déposant un baiser sur chacune de ses petites joues, dévorées par la maigreur.

Sa main, effleurant longuement ses joues réveillées, comme pour imprimer la sensation ressentie, en dit long sur son manque d’affection.

Sa surprise et sa gêne non dissimulées m’ont fait immédiatement regretter mon geste.

La misère délabrée de la rue côtoie un univers aux vitrines rutilantes et climatisées avec une fatalité souriante.

Les prostituées font encore de la capitale, la perle de l’Orient.

Les jeunes filles s’accrochent aux poches de la vieillesse occidentale, en mal d’exotisme et d’un bonheur perdu.

Les bars à cocktails, les restaurants et les streets foods s’emboitent les uns dans les autres et dégueulent leurs tables sur les trottoirs.

Les couverts ont été troqués contre les baguettes.

La musique latine contre celle anglo-saxonne.

La langue espagnole contre l’anglais américain et le philippin aux sonorités plus familières.

La vie relativement chère a laissé la place à une vie vraiment bon marché.

La saineté, la finesse, la diversité alimentaire agrémentée d’épices et d’aromates contraste avec la culture américaine.

Les légumes triomphent enfin sur les pommes de terre.

L’obésité sous tutelle américaine, qui nous avait préoccupé la première fois, nous oblige à relativiser après le continent américain.

Les saveurs asiatiques réveillent nos papilles.

Paradoxalement, loin de rebuter, de dérouter, Manille ensorcelle.

Elle nous rappelle tellement ...

Je ne regrettais rien.

J’étais crevée.

Sans compter mes gencives douloureuses, semblent-ils prêtes à laisser tomber une dent qui bouge étrangement comme celles de lait de mon enfance.

Fidèle à la promesse tenue à mon frère, je laissais le sommeil en suspens.

Je m’affairais, des jours durant, à corriger curriculum vitae, rédiger lettres de motivation et à leur faire faire le tour du monde.

C’était sans doute une réaction tout à fait humaine.

Quoi qu’il en soit, j’ai traversé une période de mélancolie et d’abattement, non comparable au spleen de Baudelaire.

Peut-être était-ce deux décalages horaires successifs, l’épuisement des émotions françaises, le manque de sommeil, le relâchement dû au soulagement d’aborder enfin la deuxième partie du voyage avant qu’elle n’avorte.

Je me demandais si j’avais choisie la voie qu’il fallait.

Tout cela n’était-il que frivolité, caprice, record ?

J’ai toujours su que j’étais appelé à voyager.

Peut-on voir dans le fait de s’échapper en pleine nuit par la fenêtre de sa chambre à l’âge de quatre ans, un signe précoce ?

Je me demandais si la rêverie devait être mise à exécution.

Je me demandais si j’avais choisi le bon moment.

Tout cela n’était-il pas tardif ou à l’inverse prématuré ?

Tout cela n’était-il pas un suicide social ?

Nous nous sommes échappés dans les rizières en terrasse d’altitude de Banaue, au Nord de Manille, pour rattraper le temps perdu.

Lors de notre premier voyage aux Philippines, j’avais une envie furieuse d’y saluer les anciens chasseurs de tête Ifugao mais le temps en avait malheureusement décidé autrement.

A mon grand soulagement, il n’est jamais trop tard ...

Dans ce paradis vert, alternent miroirs d’eau et et pousses de riz vertes fluorescentes.

Marchant sur les canaux d’irrigation, comme deux équilibristes sur leurs fils, nos deux corps épousent les courbes des montagnes afin de ne pas côtoyer l’immense vide menaçant sur notre droite.

L’occasion aussi pour moi de découvrir, le dessus de mon pied droit en sang, que mes chaussures neuves sont dotées d’un fâcheux défaut de fabrication.

Ainsi soit-il de mes semelles de vent.

Je m’en accommoderais.

Cam.

 
 
 

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