top of page
haut de page

Le Vénézuela : le dernier pas

  • Photo du rédacteur: Reni Andcam
    Reni Andcam
  • 7 févr. 2016
  • 4 min de lecture

Le Vénézuela a mauvaise réputation.

Quelques évènements récents l’enveniment.

Un conflit armé vient d’éclater à la frontière de la Guyana, qui s’estimant victime a fait appel à l’ONU.

Les frontières colombiennes ont été récemment fermées.

20 000 colombiens ont été expulsés.

Des élections législatives promettent des incidents violents.

Un membre de l’opposition vient d’être tué.

L’actualité n’était guère favorable.

Mais, j’avais une furieuse envie de fouler la terre indigène vénézuélienne de toute beauté.

Nous passons la frontière in-extremis.

Le lendemain la ferme en raison de sobres (1) élections législatives.

Les taxis brillent par leur absence.

Le stop apparaît comme une évidence.

La première voiture est la bonne.

Notre carrosse nous dépose devant l’hôtel que nous a vivement recommandé un autochtone rencontré sur la route.

Le surlendemain, c’est avec un enthousiasme non dissimulé, que nous nous apprêtons à prendre le bus annoncé à 9 heures 30.

Nous découvrons avec stupeur que le départ est fixé à 19 heures.

Comme au Brésil, le site internet ne se veut pas à jour.

Nous ne laissons pas de place à la déception.

Nous comptons une fois de plus sur notre pouce.

Notre bonne étoile n’a de cesse d’intercéder en notre faveur.

La première voiture s’est immobilisée.

Bonne pioche.

Nous convoitons la même destination : Ciudad Guyana.

602 kilomètres ...

Notre bon samaritain est un policier.

Nous traversons et multiplions les arrêts dans la Gran Sabana parsemée de tepuys, de cascades et de huttes traditionnelles.

A notre arrivée, Ciudad Guyana s’est déjà enveloppée dans son manteau de nuit interlope.

La consigne qui nous est donnée : ne pas mettre un pied dehors après 17 heures 30.

En dépit d’une légère frustration, nous dinerons, sans prétention, au restaurant de l’hôtel, dépourvu de toute fenêtre sur l’extérieur.

Inutile de vous dépeindre notre enthousiasme à quitter les lieux.

Les aux revoirs se confondent en un aimable dépôt à la gare routière.

Visiblement, le dimanche sous urnes, n’était pas la période idéale pour trouver roue à notre pied.

Les bus, citoyens, vaquent à leurs occupations électorales.

Notre seule chimère se réduit à quelques voitures, en mal d’argent, qui racolent sur le parking.

Belle restauration du covoiturage !!!

Notre destination n’est manifestement pas convoitée.

Deux charmantes créatures tardent à se joindre à nous dans l’attente.

Le plein est fait avant la charrue.

Après quelques heures supplémentaires d’attente, un seul et unique bijou s’offre à nous.

Nous ne sautons pas de joie quand deux jeunes gars grillent effrontément notre place et que le chauffeur prétexte maladroitement que nos sacs à dos sont trop lourds.

Nos allocutions n’y pourront strictement rien changer.

Ainsi soit-il.

Les heures ont passé.

Une deuxième voiture s’est offerte à nous.

La journée s’est terminée comme elle avait commencé : dans l’attente interminable.

Personne à l’horizon pour faire le plein et pas question de payer un double tarif.

Nous rentrerons donc bredouille après avoir dû nous offrir les services d’un taxi.

Nous prenons le soin de diner avant la tombée de la nuit.

La France a la gueule de bois.

Les résultats des élections législatives sont tombés comme une épée de Damoclès.

Si Marine Le Pen passe, mon avenir est scellé.

Je ne rentrerais pas en France, me suis-je dit.

Je ne veux pas vivre dans une France putride.

Je suis peinée que ma région soit contaminée.

Je suis née en Picardie et y est fait mes premiers pas et mes premières années.

J’ai grandi dans le Pas-de-Calais.

Je suis flamande.

J’ai vécu de longues années à Lille, qui n’est malheureusement pas épargnée.

Et, pour moi, ça veut dire beaucoup.

Ça me fait froid dans le dos.

Qui sont-ils ? Ma famille, ma belle-famille, mes amis, mes voisins, mon entourage ? me suis-je demandé.

Bien évidemment.

Endeuillée, j’ai dit au revoir à cette triste France, qui à mes yeux eppleurés n’est plus la France de mon enfance.

Quelques heures plus tard, au Vénézuela, une agitation fébrile flottait dans l’air.

Les résultats annonçaient la fin du chavinisme dans une nuit de liesse.

Les klaxons, les pétards jetés qui explosaient et les cris de joie réchauffaient l’atmosphère.

Malgré cet évènement historique vivant, inutile de vous dépeindre notre enthousiasme à quitter les lieux.

Le lendemain, nous sautons dans un bus sans difficulté.

Luis, sera notre guide local pour explorer en pirogue le labyrinthe aquatique du delta de l’Orénoque auréolé de mangroves et de forêts vierges.

La beauté des lieux est sauvage.

Seuls les aras, les toucans, les perroquets, les colibris, les singes hurleurs, les grenouilles et les mystérieux hoazins, oiseaux à l’allure préhistorique viennent troubler le silence.

Au milieu de la scène, vit en paix et en totale harmonie avec la nature, la nation indomptée des indiens Waraos, surnommée le “peule des pirogues”.

Les enfants expriment leur liberté dans leur nudité et batifolent dans l’eau du fleuve.

De grands hamacs, nichés dans les maisons sur pilotis, tissés avec des filets en fibres des feuilles des palmiers moriche à éventail (mauritias), se balancent au rythme des marais.

Robinson Crusoé qui s’y est échoué vingt-huit années l'exprime non sans poésie.

Cam

(1) La loi seca prohibe toute vente d’alcool de la veille du scrutin jusqu’au lendemain des résultats inclus.

 
 
 

Comments


Posts à l'affiche
Posts récents
Carnet de voyages
Revenez bientôt
Dès que de nouveaux posts seront publiés, vous les verrez ici.
Boîte à malices
Boîte à culture
Revenez bientôt
Dès que de nouveaux posts seront publiés, vous les verrez ici.
Revenez bientôt
Dès que de nouveaux posts seront publiés, vous les verrez ici.
Archive
Recherche par
Pour suivre notre route
  • Facebook Basic Square

Où sont Reni & Cam

Contact

 

  • facebook

En ce moment, nous sommes par là

 

Egarés quelque part en Amérique latine

© 2023 by En route pour la pura vida

Proudly created with Wix.com

bottom of page