L'étrange indigène
- Reni Andcam
- 11 déc. 2015
- 1 min de lecture
Elle était pieds nus et semblait perdue.
Elle avait le teint mat, la chevelure noire et brillante.
Son regard de braise était vide.
Il dévisageait le ciel.
Son corps fébrile titubait.
Ses haillons et sa crasse ne parvenaient pas à cacher sa beauté.
Son parfum n’embaumait pas les jours heureux.
Elle se tenait là, debout, dehors, en terrasse d’un café-concert, une bouteille de mousseux à la main.
Ses genoux priaient le trottoir et ses doigts tâtonnaient à la recherche de vieux mégots.
Je ne pouvais pas m’empêcher d’admirer sa sublimité.
Les cigarettes collectées brulaient ses lèvres avant d’être secouées par ses soins dans la bouteille qu’elle s’évertuait à boire.
Son corps se faufilait jusqu’au bar.
La générosité remplissait ses verres.
Son regard s’embuait.
Bientôt, ses jambes ne parvenaient plus à porter son corps tout maigre.
Une chaise l’invitait sur ses genoux.
Sa pudeur était endormie.
Désespérément seule, elle glissait sa main dans sa culotte et agaçait sa féminité.
La tolérance fermait les yeux.
La générosité ne désemplissait pas.
Elle tomba inerte, comme morte.
La générosité et la tolérance ensemble ne parvenaient pas ni à la réveiller ni à la relever.
L’inquiétude glissait un carton sous son corps raidi, en guise de brancard.
Elle se réveillait et tentait de se lever.
La double humanité la portait par les épaules jusque chez elle.
Que ta nuit soit douce, étrange indigène.
Cam.
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