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Le Brésil : à petits pas et à petites semelles

  • Photo du rédacteur: Reni Andcam
    Reni Andcam
  • 27 nov. 2015
  • 7 min de lecture

Le monde est beau mais désespérément et démesurément grand.

Notre première année de voyage s'est déjà achevée depuis plus de vingt jours.

Nos semelles de vent doivent se contenter d'emboiter le pas des tongs brésiliennes à la lenteur exaspérante.

Le lecteur aura compris que la palme de la lenteur revient au Brésil.

Je ne résiste pas d'ailleurs à la tentation de vous livrer une petite plaisanterie brésilienne.

" Si un brésilien souhaite se donner la mort rapidement.

Pas de panique.

Cela va prendre au moins une semaine".

C'est dire ...

Les longues heures de bus s'apparentent à un martyre mais le désir de voyage nous maintient patiemment immobile face à un paysage perpétuellement mouvant.

A chaque arrêt, nous sautons joyeusement à terre pour nous dégourdir les jambes et pisser.

Nous franchissons la frontière pour Foz de Iguazu.

Contre toute attente, contrairement à l'accoutumée, le bus s'éloigne sans nous, prétextant un prochain.

Trente secondes ...

Trente secondes suffisent pour faire tamponner nos passeports.

Nous patientons.

Le bus suivant tarde à venir.

La chaleur est telle que nous étouffons.

Deux heures trente d'attente ...

Nous découvrons avec stupeur que le siège conducteur est occupé par le même chauffeur.

Le lecteur aura compris qu'un seul bus effectue la navette aller-retour entre Puerto Iguaçu (Argentine) et Foz de Iguazu (Brésil).

Enfin arrivés après un deuxième bus, au terminal adéquat de Foz de Iguazu, nous nous affairons à acheter nos billets de bus pour Campo Grande, dans le Pantanal.

Petite précision non négligeable : nous ne maîtrisons pas encore la langue portugaise.

Dans un excès de zèle, le guichetier nous colle à l'oreille un téléphone censé nous fournir de précieuses explications en anglais.

Une vieille habitude de mon père qui a fâcheusement tendance à m'exaspérer.

Un agent de voyage entonne sa mélodie interminable empreinte de cupidité.

Bien évidemment, je rassure le lecteur, nous ne tombons pas sous le charme.

Le départ est annoncé dans une heure.

Déjà ...

Nous mangeons sur le pouce avec précipitation.

Trois heures de retard, ou si le lecteur préfère d'attente, nous permettent aisément de digérer en toute tranquillité.

Plus de quarante-huit heures de trajet ...

Des taxis, fenêtres béantes exhibant des jambes aux pieds nus, s'emboitent en file indienne, pot d'échappement contre pot d'échappement.

Avec stupéfaction, le premier refuse purement et simplement de nous conduire dans le centre-ville.

Trop loin ... Trop compliqué ... Des travaux sur la route obligent à un détour ...

Le deuxième nous explique qu'il doit scrupuleusement respecter l'ordre des départs.

Le lecteur aura compris que seul le premier chauffeur peut partir.

Nous sommes les derniers.

Comment faire ?

Après de longues tergiversations, un homme d'un âge plus mature réussit à remuer notre premier chauffeur.

La ville est moche.

Le quartier de l'ancienne gare routière n'est que immondice avec une foule malfamée et des magasins, y compris des agences de voyage, quant à eux bien fermés.

La nuit est descendue du ciel.

Un garage aux graffitis sur les murs prend énigmatiquement des allures punk rock.

Nous nous attablons dans la rue déserte et sombre.

Nous avons vu juste.

Les minutes, les heures suivantes sont colorées par la gaieté de la jeunesse percée et tatouée brésilienne.

La fermeture nous rappelle brutalement que nous n'avons toujours pas mangé.

Le marché d'expatriés japonais nous régale de Yakisoba (nouilles chinoises).

Le lendemain s'annonce toujours aussi malfamé avec des agences de voyage toujours aussi bien fermées.

Nous en déplaise.

Ne reste plus que Gilbert, l'agent de voyage de l'hôtel, aux fins d'organiser notre excursion dans le Pantanal.

Entre autres choses, il nous relate que le brésilien et le travail seraient incompatibles et conclue en nous proposant de nous embaucher comme managers.

L'ironie du sort veut que la réalité confirmera ses dires.

Gilbert s'est endormi dans le canapé et ronfle.

Trente minutes de sommeil ...

Un rendez-vous est fixé à 16 heures.

Aucune trace de Gilbert.

Peut-être s'est-il endormi ?

Nous patientons jusque 18 heures 45.

Par simple coup de téléphone, Gilbert se contente d'annuler, un peu tardivement, notre rendez-vous mais bien évidemment, pas notre excursion le lendemain dans le Pantanal.

Le lecteur aura parfaitement compris que nous partirons dans aucune discussion préalable.

Direction Ihla Grande (au sud de Rio de Janeiro).

Premièrement, l'on nous affirme qu'il n'y a pas de bus direct.

Nous découvrirons, arrivés à destination, que tel n'était pas le cas.

Encore un coup foiré !!!

Deuxièmement, l'on nous annonce que tous les bus pour Rio de Janeiro comme pour Sao Paulo sont complets.

Après avoir épluchée une par une les compagnies, je nous fraye deux places dans un bus.

L'expression " L'on n'est jamais mieux servi que par soi-même " prend tout son sens au Brésil.

Six heures d'attente ...

Plus de 48 heures de trajet ...

Nous arrivons au terminal de bus de Sao Paulo qui s'apparente plus, il est vrai, à un aéroport.

De nouveau, 6 heures d'attente ...

Nous arrivons enfin à Agra de Reis à 4 heures du matin un samedi soir.

Nous assistons, dans la liesse, à la sortie de boîte de nuit.

Les toits des voitures sont pris d'assaut, une bonne heure, par des corps saillants, endiablés, effrénés et altiers entièrement dévoués à la musique assourdissante.

La scène n'est pas sans nous rappeler les clips télévisés.

La fête brésilienne ne ment pas.

Les bouteilles ne tiennent plus en équilibre et valsent (dans les deux sens du terme) avant de se briser avec fracas.

Les filles superbes, serrées dans leurs fourreaux ultracourts et aux décolletés plongeants sont diablement sexy.

Elles remuent furieusement les hanches avant que leurs fesses s'affolent à tourner en rond.

Avec sérénité, la police se contente de dissiper le foule, qui reprendra les volants.

Arrivés par bateau à Ihla Grande.

C'est week-end férié.

Les hôtels affichent complets.

Deux heures trente ... armés de nos sacs à dos nous suffisant pour éviter la rue.

Un rasta, au demeurant fort sympathique, tente vainement de nous venir en aide.

Il nous fait revenir sur nos pas et ne nous empêche pas de tourner en rond.

Les hôtels affichent toujours aussi complets.

Les sacs à dos nous pèsent et la chaleur nous accable.

Son butin se résumant à une unique place en dortoir, il propose de loger Reynald dans son petit bateau.

Inséparables, nous déclinons tout net.

Direction l'île de Boipeba.

Valença est à plus de 14 heures de route.

Le bus déglingué est étrangement vide.

Quatre heures de route ...

Nous sommes déjà arrivés !!!

Nous réalisons avec ahurissement que deux Valença subsistent au Brésil !!!

Pire, que nous avons fait train arrière.

La nuit est déjà tombée du ciel.

Perdus, dans l'arrière pays, nous montons dans le premier bus pour Pra Bahia, à la recherche d'une connexion.

L'absence de bus de nuit nous oblige à y passer la nuit.

Un bus pour Feira de Santana est annoncé le lendemain à 10 heures 30 du matin.

Le guichet de la compagnie de bus est fermé.

Il n'ouvre qu'à dix heures.

Onze heures ...

Midi ...

La police a téléphoné.

Midi et demi ...

L'employé, la tête enfarinée, le teint olivâtre et des cernes bistres sous les yeux, se retranche derrière un soucis de famille.

Le prochain bus n'est qu'à 16 heures.

Un coiffeur avouant d'emblée son homosexualité patiente avec nous.

Il nous propose de camper dans une communauté d'Ari Krisna.

Le lendemain matin ne se réveille pas sous de meilleurs auspices.

Arrivés, nous venons de louper de peu, l'unique bus pour Valença.

Nous patientons à l'hôtel jusqu'au lendemain matin.

La route fut longue jusque l'île de Boipeba.

Plus de 72 heures ...

Les banques sont en grève et les distributeurs désespérément vides.

Les points d'informations touristiques ont éternellement les portes closes.

Au Brésil, chacun sa tâche.

Le chauffeur de bus ne portera pas les bagages encore moins les étiquettera, vous réveillera ou vous renseignera.

De la même manière, le preneur de commande ne servira et ne préparera point.

Direction Salvador de Bahia.

Je sens le sol vaciller sous mon pied.

La bouche d'égout vient d'être mal refermée.

Je découvre avec dégoût l'air drôlement amusé de l'ouvrier en goguette.

Direction Lençois.

Les arrêts se succèdent dans le noir.

Nous somme allés trop loin.

Nous ne manquons pas de remercier notre chauffeur qui se contente de nous toiser de sa nonchalance.

Nous patientons deux heures pour un bus en sens inverse.

23 heures 30 ...

La ville de Lençois est endormie.

Tout est fermé.

Nous tambourinons aux portes en vain.

Par chance, un hôtel dispose d'un veilleur de nuit.

Une excursion est programmée notre dernière jour.

Contre toute attente, le matin même, l'agent de voyage souhaite annuler, en vain.

D'abord, il n'hésite pas à affirmer qu'il nous aurait attendu la veille au soir jusque 21 heures.

Il omet un petit détail qui a son importance.

Nous n'avions nullement rendez-vous !!!

Puis, dans la mesure où c'est la saison sèche et qu'il n'y a pas une goutte d'eau, il ne craint pas de nous laisser accroire qu'il va pleuvoir cette nuit et suffisamment pour inonder la cascade.

Il n'a pas plu ...

Direction Jericoacoara.

Retour à Feira de Santana pour prendre le bus de 9 heures du matin.

Le site internet n'est pas à jour.

Nous devons patienter jusque 17 heures.

Un retard nous oblige à patienter trois heures supplémentaires.

Après une nuit et une matinée de bus, une pause s'impose à Fortaleza, sur le front de mer.

Nous y passerons la nuit et poursuivrons la route le lendemain, la journée durant.

Départ pour Lençois de Marrenhenses.

La jeep est la solution la plus rapide mais également la plus coûteuse.

Nous cherchons à nous grouper pour diminuer le coût.

Par erreur, ou pas, la première agence débarque avec une journée d'avance.

La deuxième agence, faisant preuve d'un grand optimisme, ne confirmera jamais.

Un groupe se profile mais dans plusieurs jours.

Nous avons déjà suffisamment joué les prolongations.

Nous décidons de tenter l'aventure en indépendants.

Toute notion de temps s'est arrêtée et n'existe plus.

Un premier bus nous emmène à Jijoca, la case départ.

Nous avons été informé d'une connexion pour Camocim à 10 heures du matin.

En réalité, il n'y a pas de départ avant midi et demi.

Nous patientons, une fois de plus !!!, jusque 13 heures 30.

Nous n'irons malheureusement pas loin.

L'unique bus de 16 heures pour Parnaiba est complet.

Une brésilienne aux yeux d'un vert aussi intense que profond et au sourire ravageur nous offre l'hospitalité à nous ainsi qu'à une argentine de Buenos Aires.

Départ le lendemain pour Parnaiba à 11 heures 30.

Notre journée de bus est suivie d'un départ pour Tutoia.

Le lecteur aura compris que notre soirée s'achève par quelques heures de bus supplémentaires.

Le lendemain, une journée de jeep dans les dunes nous attend.

La route fut longue pour Barreinhas.

Trois jours entiers.

Départ pour Belem.

La bagatelle d'une nuit de bus !!!

Installés dans nos hamacs et entassés les uns sur les autres, notre bateau vogue sur les eaux noires du fleuve Amazone.

Trois nuits et deux jours pour Santarem ...

Deux nuits et deux jours pour Manaus.

Après tant de jours et de nuits passés dans le bus ...

Après tant de jours à se trainer sur les routes d'un bucolique et formidable ennui,

Nous n'éprouvons ni peur, ni exaltation,

Tout juste une fatigue harassante du corps contorsionné par la chaleur et brulé par la sueur.

Et, une envie furieuse de poursuivre sans cesse la route .

Cam

 
 
 

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