Le secret de coca-cola
- Reni Andcam
- 12 sept. 2015
- 5 min de lecture
La feuille de coca est responsable du mot Coca de Coca Cola, la noix de kola ou cola étant à l’origine du deuxième mot.
Des origines françaises
Et oui... Coca-Cola a une part d'Hexagone dans ses bulles.
La feuille de coca fut popularisée en Europe, d'abord par un essai publié par un neurologue italien, Paolo Mantegazza, en 1859, puis par un pharmacien corse, Angelo Mariani avec son feu vin Mariani, made in France, très à la mode jusqu'à son interdiction en 1910.
Cette boisson est un mélange de vin de Bordeaux et de feuilles de coca (extraits de coca ainsi que des pastilles et du thé à la coca), mise au point par un chimiste français en 1863.
Son vin, dont la publicité vantait à la fois les qualités stimulantes, anti-dépressives et organoleptiques eut un grand succès.
Mariani devint célèbre dans toute l'Europe et reçut même une médaille spéciale du pape.
Qui inspirèrent le père du coca-cola ...
Pour la petite histoire, le vin mariani inspira un certain pharmacien d'Atlanta, en Géorgie, John Stith Pemberton
A l’origine le soda de Coca-Cola s’appelait le French Wine Coca de Pemberton et contenait un mélange de feuilles de coca du Pérou, des noix de cola, damiana, et du cocaéthylène (cocaïne mélangée à de l’alcool).
Il est devenu très populaire au sud-est des Etats-Unis.
Il a créé cette fameuse boisson à la fin du 19ème siècle, plus précisément en 1885.
Il cherchait à développer une boisson pour lutter contre la fatigue.
Il a donc utilisé les feuilles de coca et les noix de kola, riches en caféine.
En 1886, l’interdiction de l’alcool dans la ville d’Atlanta en interdit la fabrication et la vente.
Pemberton décide alors de mettre au point une nouvelle version sans alcool de sa boisson déjà populaire, différente des orangeades d’alors, procurant les effets du bourbon mais désormais sans alcool.
Le vin a été remplacé par du sirop de sucre et la nouvelle version a été appelée Coca-Cola.
La production de Coca alcoolisé dura de 1885 à 1888, date de la mort de Pemberton.
Le soda a été commercialisé pour ses effets médicinaux et est devenu très populaire auprès des blancs de la haute société.
La recette du soda était un secret bien gardé, mais en 1891 un journal d’Atlanta a rapporté ce que beaucoup avaient déjà soupçonné.
Coca-Cola contenait de la cocaïne.
Vendu comme tonique pour le cerveau, en 1886, un verre contenait environ neuf milligrammes de cocaïne.
Coca-Cola a été obligé de modifier sa stratégie marketing et a commencé faire référence au Coca-Cola comme un produit « rafraichissant » au lieu de promouvoir ses avantages médicinaux.
Coca-Cola est contraint de retirer la cocaïne de ses boissons gazeuses en 1903 après un contrôle surprise de la US Food, Drug and Insecticide et il est soupçonné de promouvoir les craintes racistes chez les blancs.
Officiellement, le Coca-Cola n'est plus composé de cocaïne depuis 1903.
Cependant, William Reymond indique dans son livre Coca-Cola, L'enquête interdite (Flammarion, 2006) que le ontrôle des autorités, notamment la US Food, Drug and Insecticide en détecta encore des traes dans le produit même après 1929.
La boisson gazeuse Coca-Cola est devenue complètement sans cocaïne en 1929, mais l’extrait de feuilles de coca est encore utilisé à ce jour comme ingrédient actif dans le soda internationalement connu.
Malgré ses démentis, il semble bien que la firme américaine utilise encore des extraits de feuilles de coca (débarassés de leurs alcaloîdes) pour parfumer son breuvage.
Le New York Times s'en est fait l'écho.
L’alcaloïde de l’ecgonine, qui donne à la cocaïne son effet accélérateur sur le cerveau, est extrait de la feuille de coca avant la transformation.
La Stepan Corporation, une société de traitement chimique du New-Jersey, réalise l’extraction des feuilles de coca.
Stepan a conclu un arrangement avec la DEA et il est le seul groupe autorisé à importer la feuille de coca aux Etats-Unis.
Stepan importe chaque année plus de 175 000 kilos de feuilles de coca.
C’est une valeur marchande équivalente à près de 16 milliards d’euros de cocaïne, selon les Nations Unies..
Alors qu’arrive-t-il à la cocaïne réelle traitée par Stepan ?
Elle est transportée hors de l’établissement dans des camions blindés et est ensuite vendue à Mallinckrodt, une société pharmaceutique dont le siège social est situé à Saint-Louis au Missouri.
L’extrait de feuilles de coca porte le nom de Merchandise N°5.
Une feuille de coca illicite mais pas pour la fabrication du coca-cola ...
La substance est inscrite sur la liste des drogues aux Etats-Unis en 1880.
En 1949, à la demande du représentant du Pérou auprès des Nations unies, une commission effectue une visite-éclair dans ce pays et en Bolivie pour « enquêter sur les effets de la mastication de la feuille de coca et sur les possibilités de limiter sa production et de contrôler sa distribution ».
Avec un tel cahier des charges, les auteurs insisteront effectivement sur les effets dommageables de la feuille, tant pour le consommateur individuel que pour la nation productrice.
Dans des conclusions hâtives, la commission accuse la mastication de la coca de provoquer malnutrition et « effets indésirables de caractère intellectuel et mental » chez les populations des régions andines.
Rendue également responsable de la pauvreté du sous-continent au motif qu'elle diminuerait la capacité de travail de ces populations, l'acculico (mastication de la coca) reste néanmoins qualifiée d'« habitude ».
Mais, en 1952, le comité d'experts en pharmacodépendance de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) rectifie le tir.
Il conclut que l'acculico « a toutes les caractéristiques d'une addiction», addiction définie ensuite comme « forme de cocaïnomanie».
Au regard de la « communauté internationale », les effets de la feuille de coca viennent d'être assimilés à ceux du chlorhydrate de cocaïne.
Il n'en faudra pas beaucoup plus pour qu'elle devienne une cible de choix.
En 1961, c'est chose faite.
Sous la pression des Etats-Unis, soit dit en passant, le plus grand consommateur de cocaïne du monde, une convention des Nations unies sur les stupéfiants, signée à New York, a inscrit la feuille de coca dans la liste numéro un des substances psychotropiques, c'est-à-dire capables de produire une drogue à l'état végétal.
La feuille de coca est soumise à un régime de contrôle qui, selon les chercheurs du Transnational Institute, «dépasse de loin celui qui s'applique à de nombreuses plantes psychoactives, dont beaucoup sont plus propices à altérer la conscience, comme le kava-kava (Piper methysticum), le kratom (Mitragyna speciosa) et différents hallucinogènes».
Proscrite par toutes les instances interationales, la feuille de coca se voit dès lors interdite de production, comme d’ailleurs d'industrialisation, de commercialisation et de consommation.
Il est évident qu’on ne pouvait pas l’éradiquer des pays où elle constitue une tradition.
Seul son usage traditionnel est permis dans les frontières des pays où il existe des preuves de sa consommation ancestrale — en l'occurrence la Bolivie et le Pérou.
Mais, l'on s’est attelé à limiter radicalement sa production.
Il y a seulement certains lieux où elle peut être produite ; sa commercialisation est limitée au marché interne, donc ce n’est pas possible d’exporter même des chewing-gums de coca.
Les producteurs de coca voudraient eux aussi pouvoir fabriquer ces sous-produits et les commercialiser à l’étranger mais il est interdit d’exporter quoi que ce soit qui a un rapport avec la feuille.
Nous avons rencontré un français au Pérou qui souhaiterait commercialiser à l'étranger sa liqueur de coca.
Toutefois, deux acteurs de marque échappent à la règle commune et se voient curieusement protégés : l'industrie pharmaceutique américaine — pour produire de la cocaïne à usage médical — et la célèbre société Coca-Cola.
Même si cette interdiction existe, il y a une exportation légale de feuilles de coca vers les Etats Unis pour la production de coca-cola et pour l’extraction de cocaïne à utilisation pharmaceutique, notamment pour la fabrication d’anesthésiques locaux.
Cam
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