Et ils chantent comme les baleines

Banos nous ouvre les portes du cratère actif occasionnellement fumant.

Chaque matin, à jeun, nous cédons au rituel du bain de vapeur, très différent du sauna et du bain turc, qui aident à éliminer des toxines mais qui pompent également les bons éléments du corps ainsi que l'énergie vitale d'où une sensation de fatigue et d'assoiffement.

Imaginez-nous assis, tête dehors, dans une cabine à vapeur spécialement conçue.

Vapeurs chaudes et silence bienheureux ...

Nous restons quatre minutes pour bien chauffer le corps.

Nous sortons pour nous rafraichir avec de l'eau froide en suivant le sens de la circulation sanguine.

Cette étape est répétée trois fois.

Un bain de siège froid nous attend, où nous massons minutieusement notre bas-ventre tout en énergisant notre colonne vertébrale.

Nous répétons deux fois le bain de vapeur dans la cabine.

Nous nous rafraichissons seulement une fois car la deuxième, nous finissons par ...

Un massage au jet d'eau qui nous est donné.

Dynamisant ...

Quarante minutes ...

Notre bain de santé matinal, qui consiste juste à échauffer le corps sans le faire transpirer par un ensemble de techniques hydrothérapeutiques, se termine sans perte d'éléments vitaux ou d'énergie !!!

Revigorés, vidés, une sensation de bien-être ...

Nous ne résistons pas à l'appel de la piscine thermale en plein air.

Nos yeux effleurent la beauté de la cascade qui s'étire devant nous.

Une eau a quarante trois degrés brûle de bonheur.

Une minute ...

Une éternité ...

Le temps maximum recommandé ...

Notre corps brûlant est ivre de bonheur.

Rouge écrevisse, il s'ecroule de tout son long sur le bord de la piscine.

Le ciel est pur et l'air libre.

L'eau de la montagne nous emmitoufle de sa douche glacée.

La sensation de bien-être croit sous l'obstination de nos ablutions.

Un canelazo nous réchauffe tandis qu'un cochon grillé nous régale.

La casa del arbol (la cabane dans les arbres) se balance dans le vide.

Sur la route des cascades vertigineuses enfouies dans la jungle dense, de longs tunnels semblent nous aspirer comme des trous noirs.

L'océan pacifique nous appelle.

Une odeur de mer tranquille, calme, assoupie, nous entoure.

Les vagues sans foule lèchent une longue et ravissante étendue de sable déserte entourée de falaises pittoresques.

Elle n'est pas sans nous rappeler la mélancolie de celle que nous avons quitté.

L'horizon cramoisi par le coucher de soleil empli tous nos voeux.

Qui n'a jamais rêvé des îles Galapagos ?

Nous nous contenterons de l'isla plata, l'ile d'argent, surnommée les Galapagos des pauvres.

Louée soit la pauvreté ...

Une eau limpide, encerclée par des falaises aux reliefs abstraits quand ce n’est pas par du sable blanc ou par l’immensité de l’océan pacifique, nous tend les bras.

Cette côte déchiquetée n'est pas sans nous rappeler la Bretagne.

Les fous exhibent leurs pattes bleues.

Les frégates, au plumage noir, gonflent leur poche rouge étincelante sous la gorge.

Les pélicans plongent avec folie en piqué pour leur pitance.

Les dauphins batifolent dans les vagues.

Les mouettes se font entendre.

Les baleines à bosse assurent le spectacle.

Elles dansent à perdre haleine.

Un véritable ballet des plus majestueux ...

Regardez !!!!

Un dos sort doucement de l'eau pour respirer.

Une queue fait surface et s'agite.

Une baleine se propulse le corps entier hors de l'eau.

Puis, une autre.

Puis, les deux en même temps.

Des nageoires nous saluent.

Dépossédés de tout fardeau, d'autant plus que nous possédons peu, nous nous enrichissons de chaque regard, de chaque instant ...

Le voyage ne laisse aucune place à la trouille du bonheur nourrie par un petit confort médiocre.

Cam

#equateur #carnetdevoyages