Le rêve Colombien
- Reni Andcam
- 31 juil. 2015
- 3 min de lecture

Mais quelle idée saugrenue que de s’envoler pour un pays où les figures mythiques de Pablo Escobar (le chef du cartel de medellin) et d'Ingrid de Betancourt (la Jeanne d'Arc colombienne) ont largement été médiatisées à l'étranger, où les syndicalistes ont pavé de leur vie leur engagement dans la défense des droits sur le terrain en 2001 et où l’on raconte encore que la guerilla des farcs, les trafics de coca et le terrorisme d'Etat le rendent infréquentable ?
Il faut dire que la Colombie, qui a hérité du nom de Christophe Colomb bien qu'il n'y ait jamais mis les pieds, a la côte auprès des voyageurs.
Un phénomène de mode ?
Enveloppée d'obscurité, Medellin bruisse de rabatteurs et grelotte de toxicomanes et de soûlards qui se vautrent dans sa puanteur.
Nous ne nous attarderons pas.
26 heures de bus.
Endormis, nos oreilles sont assourdies par la bagarre des bagages dans la soute.
La police a immobilisé le bus et procède à une fouille minutieuse.
L'absence de contradictoire pèse comme une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes.
Quand l'aube se mit à poindre, le spectacle désastreux des constructions anarchiques et chaotiques surmontées par les fers en béton et les barbelés, rongés par la rouille, défile sous nos yeux en état de guerre.
Ces derniers résistent difficilement à l'envie de fermer les yeux sur ce rêve colombien.
21 heures.
La nuit ferme déjà les portes de Santa Marta.
La locombia, la folle Colombie, amusée et amusante, souriée et souriante, chante, danse et s'enivre au rythme endiablé de la salsa et de la cumbia.
Les verres partagés avec un couple de français en vadrouille depuis un an et demi, tentent désespérément de rassasier nos ventres vides.
Les touristes, en majeure partie très jeunes, en quête de sensations fortes et de poudre magique se défendent légitimement contre sa mauvaise réputation.
Le parc Tayrona, à la beauté comparable aux Seychelles, se donne des allures de festival.
Fouille à l'entrée affamée d'alcool et de drogue, pose de bracelets et tapis de tentes sosies sont au rendez-vous.
Affamée et mal famée …
Les rues brouillonnent de personnages interlopes.
Ici, une jeune colombienne qui jalouse mes cheveux longs et qui face à mon absence de générosité se claque violemment, à plusieurs reprises la tête contre le mur.
J'avalerais mon jus d'orange d'une traite !!!
Là, une sourde et muette qui pousse des cris stridents à la vue de l'eau souillée.
L'on ne fait pas de lessive sans eau !!!
La jeunesse policière s'amuse.
Le jeu des fouilles casse poliment les couilles de Reynald.
Le quotidien résonne de rires, de cris en tout genre et de concerts de klaxons et de sonneries de téléphone.
La musique ne se tait jamais.
Mais, nulle part ailleurs, une telle défiance, de tels regards maussades jetés prudemment aux alentours délabrés, une telle amabilité réduite à une peau de joie de vivre et de bonne humeur, un tel radinisme d'informations murmuré du bout des doigts et un tel couvre-feu mental.
Une chaleur torride et poussiéreuse nous tarabiscote.
Même les cactus à taille humaine se meurent.
La Colombie a peur.
Mille conversations sont salies par mille saveurs épicées et aigres-douces à main armée, mortelles, policières, de guérilla, corrompues et narcotiques fortuites.
Le plus grand risque en Colombie serait d'y rester !!!!
Manifestement, le rêve colombien ne fait pas l'unanimité.
Même les plages dorées hébergeant les pêcheurs aux interminables filets n'y pourront rien changer.
Cam.
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