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Soleil noir

  • Photo du rédacteur: Reni Andcam
    Reni Andcam
  • 22 juil. 2015
  • 2 min de lecture

Je t'aperçois qui remonte le chemin qui mène à la plage, dans notre direction, d'un pas nonchalant.

Tu portes un jean négligemment retroussé juste au dessus de tes chevilles, des claquettes, un t-shirt à bretelles et une casquette marron à la gavroche.

Ton visage est entouré de longs et raides cheveux châtains, rasés d'un côté, qui cascadent sur tes épaules.

Tes fossettes picorent tes joues saillantes.

Une beauté naturelle aux allures garçonnes avec ton regard perçant, ton sourire aussi léger qu'une volute de fumée et ton expression douce et rebelle.

Ravissante jeune française, âgée de 23 ans et vivant en Guyane, tu as jeté ton dévolu sur les mêmes bungalows.

Tu n'es pas seule.

Il y a beaucoup d'hommes autour de toi. Trop ...

Ce soir là, ils ne voient que toi.

Soutenus par l'alcool et la marijuana, ils guettent leur proie, tassés comme des brutes autour de ta table et piaffent d'impatience de passer à l'abordage.

Tu es persuadée de parfaitement maîtriser la situation.

Les verres et la fumée te maintiennent joyeuse et insouciante.

Ils connaissent ta faiblesse.

Tu n'es venue en Colombie pour te faire bronzer.

Ça fait des heures que tu l'attends.

Tes narines frétillent d'impatience.

Tu sais que ces mecs là vont t'arnaquer.

Mais, doucement, tu les suis à une soirée, dans la pénombre de la nuit.

Tu fais croire que tu danses mais tu l'attends.

Quand il te tend sa merde cristalline, tu l’enlaces comme ton soleil qui revient.

Le jour se lève sur ta frimousse blafarde et tes yeux injectés de sang et de remords.

Et, sur son bras levé en arc de triomphe.

Tu es même allé jusqu'à lui offrir ton corps.

Tout comme ton père voyageur et ta mère qui t'a mis le nez dedans, je n'ai pas su te protéger.

Tes mots matinaux résonnent dans ma tête.

Moi aussi, j'ai été ravie de faire ta rencontre.

Ton soleil guette déjà une nouvelle proie.

Pauvre petite anglaise ...

Tu es même allé jusqu'à lui offrir ta chambre, ton portefeuille et ta marijuana.

Comment ne pas prendre le parti de l'innocence fragile ?

Chère Colombie, tu restes un repaire de brigands et de parasites.

Une tension insondable comme un relent funeste oppresse le pays.

Le beurre, l'argent du beurre, le sourire et le cul de la crémière, par dessus le marché !!!!

Cam.

 
 
 

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