Haro sur la ciudad perdida
- Reni Andcam
- 17 juil. 2015
- 3 min de lecture

La Ciudad Perdida, c’est un peu un rêve d’enfant.
L’aventure qui réunit Tintin et Estéban des Mystérieuses citées d’or.
Au XIXème siècle, les conquistadors qui ont essayé de s'en emparer s'y sont cassés les dents en ne trouvant jamais le chemin de la cité.
Mais, comme dans leurs valises se trouvaient un certain nombre de maladies remarquablement efficaces, 80% de la population indienne tayrona a disparu en quelques années.
Les survivants n'ont eu d'autre choix que de se soumettre à la loi espagnole ou de fuir très haut dans les montagnes, abandonnant leur cité à la jungle.
Un jour, un vieil indien Kogi avait évoqué l'existence d'une grande cité perdue au cœur de la Sierra Nevada de Santa Marta qui, du haut de ses 5775 mètres, domine la mer Caraïbe Colombienne.
Cette révélation attira la curiosité des pilleurs de tombes précolombiennes, autrement dit de sépultures indigènes, les guaqueros qui, après l'avoir longtemps cherché accédèrent au site en 1975.
Fiers de leur découverte, ils le nommèrent d'abord la Conquista puis El Infierno Verde.
Cette nouvelle appellation faisait autant référence à l'enfer vert qu'il fallait traverser pour accéder au site niché au cœur d'une nature hostile, qu'à la violence engendrée par les convoitises de guaqueros qui s'entretuèrent pour piller ce trésor récemment repéré.
En 1976, quand l'Etat colombien prit connaissance de cette découverte, lorsque des figurines en or et des urnes en céramique provenant de la cité commencèrent à apparaître au marché noir local, il s'empressa d'envoyer une première équipe de chercheurs sur le site.
Les querelles de l' Infierno Verde furent neutralisées grâce aux policiers qui accompagnèrent les archéologues.
L'Eldorado des guaqueros devint rapidement Buritaca 200, un Eldorado archéologique qui souleva les passions scientifiques.
Un jour, un pilote d'hélicoptère en charge du ravitaillement indiqua sa position en utilisant le terme de Ciudad Perdida signifiant ainsi l'isolement du site.
Cette appellation devint rapidement le nom générique mais non moins symbolique du lieu et progressivement le rêve de tant de voyageurs en quête d'aventure.
La Ciudad Perdida pourtant, n'a jamais été perdue pour les indigènes.
Bien au contraire, les populations natives de la Sierra Nevada (kogis, arhuacos, wiwas et kankuamos), l'appellent Teyuna, elle représente un lieu significatif de leurs origines tayrona.
L'importance de Teyuna dans la cosmogonie indigène est intimement liée à son caractère sacré.
La protection du lieu est essentielle pour la sauvegarde de la culture indigène, de fait, Teyuna n'a jamais pu être oubliée par cette population.
De nombreuses tribus locales indiquèrent qu'ils visitaient le site régulièrement avant qu'il ne soit découvert mais qu'ils avaient gardé le silence quant à son existence.
La cité perdue, fondée autour de l'an 800 - 650 ans avant Machu Picchu - a longtemps été écartée du monde touristique en raison des tensions entre l'armée colombienne, les groupes paramilitaires, autres groupes armés, paysans et guérilleros cultivateurs de coca, notamment pour le contrôle des plantations de coca et des laboratoires.
C'est dans les années 1980 que les premiers touristes s'aventurent dans le parc de Tayrona.
Un tourisme culotté sur fond de conflits entre guérilleros cultivateurs de marijuana et paramilitaires financés par la CIA.
Depuis, l'armée régulière a fait le ménage, guérilleros, paracos et narcos sont partis vers d'autres jungles ou ont raccroché les fusils pour devenir muletiers ou patrons de lodge.
Comme Adam, propriétaire d'une centaine d'hectares à l'intérieur du parc depuis 1976.
Il a fini par monter un petit campement propret pour les touristes après s'être essayé à la culture de marie-jeanne, de cacao et à la production de base, première étape dans la complexe et sordide élaboration de la coke.
Il y a encore sept ans, il faisait même visiter son laboratoire de goma à ses hôtes !
Depuis, les autorités lui ont fait fermer son atelier, mais certaines mauvaises langues prétendent qu'il est désormais dissimulé un peu plus haut dans la montagne.
Au milieu des années 2000, la situation s'est beaucoup calmée et l'ancienne cité Tayrona est de nouveau accessible.
Le 15 septembre 2003, l'ELN kidnappa huit touristes étrangers qui visitaient la ciudad perdida, demandant au gouvernement des investigations sur des violations des droits de l'homme en échange des otages.
L'ELN relâchera le dernier otage trois mois plus tard.
En 2005, les parcours touristiques devinrent à nouveau possible, après destruction des champs de coca.
Cam.
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