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A la rencontre des indiens de la sierra nevada

  • Photo du rédacteur: Reni Andcam
    Reni Andcam
  • 17 juil. 2015
  • 9 min de lecture

Les Kogis et les Wiwas de la Sierra Nevada font aujourd'hui pleinement partie de l'iconographie du pays.

Vêtus de tenues tissées de coton blanc et un petit sac porté en bandoulière, ils se déplacent sur des vallées aussi escarpées que le versant sud de l'himalaya, partout nus pieds.

Les kogis portent un bonnet de forme conique blanc tandis que les wiwas portent un chapeau conique blanc.

Ils savent habilement utiliser les différences d’altitude pour obtenir des récoltes à différentes époques de l’année.

Ils sont surtout agriculteurs et possèdent quelques animaux, principalement des porcs et des vaches.

Ils refusent dans leur territoire tous les objets qu’ils jugent superficiels, tels que les chaussures, lunettes, montres, appareils électroniques, etc.

Les femmes du village consacrent la majeure partie de leur temps à tisser, car c’est une manière pour elles de se relier symboliquement au monde.

La totalité des indigènes se situe aux environs de 20.000 personnes mais les chiffres se contredisent.

Ces tribus sont régies par les mêmes coutumes.

Ce sont des peuples amérindiens issus de la civilisation précolombienne, héritiers directs des Mayas et descendants des Tayronas.

Les Tayronas furent massacrés par les conquistadores au XVIe siècle.

Les ancêtres des indiens actuels, les Tayronas étaient des maîtres orfèvres moulant des figurines d’esprits, d’humains et d’animaux à l’aide de l’ancienne technique de la « cire perdue ».

L’’or , extrait du sable des rivières, fondu et versé dans le moule prenait la forme de la cire.

Les figurines étaient utilisées dans les rituels, placées dans les tombes ou enterrées en paiements à la « terre ».

Pour les indiens ( comme pour nous d’ailleurs), l’or est un métal sacré et d’une grande importance rituelle.

Il existe 4 tribus vivant au cœur de la Sierra Nevada :

- Au sud : les ARHUACOS ( IKA)-

A l’est : les ARSARIOS ( MALAYO OU WIWA)-

Au nord : les KOGISET les KANKUAMOS qui ressurgissent depuis les années 1990.

Le Peuple Arhuaco (Iku) : 27 000 habitants approximativement

Le Peuple Kankuamo (Kakachukwa) : 15 000 habitants approximativement

Le Peuple Kogui (Kaggaba) : 22 000 habitants approximativement

Le Peuple Wiwa : 15 000 habitants approximativement

Les Indiens de la Sierra s’autodénomment ’grands frères’

Ils considèrent qu’ils font preuve d’une sagesse et d’une compréhension mystiques, supérieures à celles des autres peuples qu’ils appellent leurs ‘petits frères.’ Les grands frères estiment qu’il est de leur responsabilité de maintenir l’équilibre de l’univers. Lorsqu’il y a des ouragans, des périodes de sécheresse ou de famine dans le monde, ils se disent responsables de l’échec de l’homme à maintenir l’harmonie du monde. L’équilibre est établi en faisant des offrandes aux sites sacrés pour rendre à la terre ce qui lui a été prélevé.

Leurs leaders spirituels sont appelés Mamo.

Ils sont chargés de maintenir l’ordre naturel du monde à travers le chant, la méditation et les rites d’offrandes.

L’apprentissage du Mamo commence dès son plus jeune âge et continue jusqu’à ses 18 ans environ.

Le jeune homme est emmené dans les hauteurs des montagnes où il apprend à méditer sur le monde naturel et spirituel.

Dans notre culture occidentale, le Mamo serait à la fois un prêtre, un enseignant et un médecin.

Au sein de la tribu, les Chamanes jouent le rôle de guides spirituels et sont très respectés.

Les indiens favorisent le travail spirituel avant tout, et considèrent par exemple que la médecine est inutile si le malade n’a pas effectué ce travail spirituel.

Selon eux, la destruction de la nature est à l’origine de tous les maux.

Les indiens considèrent qu’ils ont pour mission de préserver la nature autour de la Sierra Nevada et faire en sorte qu’elle soit respectée.

Selon eux, le travail qu’ils effectuent est profitable au monde entier, et pas seulement à leur peuple.

Ils se définissent comme les gardiens de la dimension spirituelle du monde.

Les Kogis mâchent des feuilles de Coca qui selon eux leur donnent accès aux lois de la terre.

La feuille de coca joue un rôle central dans la vie quotidienne des Indiens de la Sierra Nevada et est utilisée dans les offrandes et les cérémonies.

Chaque homme porte une petite bourse remplie de feuilles de coca qu’il mâche jusquà former une chique pour créer un léger effet stimulant.

Lorsque deux hommes se rencontrent, ils échangent toujours une poignée de feuilles en signe de respect mutuel.

L’homme transporte également une gourde évidée – le ‘poporo’ – fermée par un batonnet, qui contient une fine poudre de chaux de coquillages marins écrasés.

Il utilise un bâtonnet pour prélever un peu de cette poudre et la mélanger précautionneusement à la boule de coca qui est dans sa bouche – l’alcalinité des coquillages provoque une réaction avec la coca en stimulant ses ingrédients actifs., c'est à dire en libérant les alcaloïdes.

La Coca représente une plante rituelle majeure, cultivée par de nombreux peuples natifs des Andes comme de l’Amazonie.

Ses feuilles contiennent 14 alcaloïdes, dont la cocaïne.

Le surplus de poudre se fixe à l’ouverture du poporo formant avec le temps un épais collier.

Avec le temps, l’orifice du Poporo se couvre d’une fine couche de calcium, durcie par le frottement répété du bâtonnet.

Le ‘poporo’ est un symbole de virilité et une marque de civilisation parmi les Indiens.

Les indiens de la sierra croient que le fait de consommer la feuille de coca les rend plus vifs et lucides, plus résistants à la fatigue et à la faim.

Un symbolisme sexuel se trouve aussi au sein de ce rituel, pratiqué essentiellement par les hommes : l’usage du bâton est considéré mâle et celui du Poporo, femelle.

La coca est également cultivée par les colons non-Indiens pour être transformée en cocaïne.

La Colombie a longtemps été qualifiée de plateforme mondiale de la cocaïne et sa production a eu des conséquences dévastatrices sur les Indiens.

En 1975, les flancs inférieurs de la Sierra ont été occupés par les colons - et non les indiens de la sierra - qui y cultivaient de la Marihuana puis la coca pour alimenter le trafic de drogue qui finance une grande partie du conflit armé entre la guérilla et les paramilitaires.

Une situation dont découla de nombreux problèmes pour leur communauté, tel un recrutement forcé pour les plantations, l’assimilation de la culture des drogues dealers par certains et de la violence.

Malgré leur caractère pacifique, les Indiens ont fréquemment été pris en étau entre l’armée et les groupes armés clandestins.

Beaucoup d’entre eux ont été tués ou forcés de fuir le conflit qui sévit sur leur terre.

Venus d’autres régions de Colombie, de nombreux paysans pauvres travaillèrent dans les bonanzas de Marihuana de 1980.

Contrairement aux Natifs entretenant des plantations traditionnelles de Coca cultivées dans un but non commercial, les drogues dealers produisirent de la Cocaïne par le biais de processus chimiques.

L’argent ainsi généré attira par la suite le Conflit Armé Colombien, ainsi que d'autres conflits parmi les différents partis.

Entrant en compétition pour le contrôle de la zone, les guérillas et les paramilitaires accusèrent de manière discriminatoire les indiens de la sierra et d’autres natifs de collaborer avec le parti rival.

Ils les intimidèrent en les assassinant pour les contraindre à partir.

Le gouvernement débuta alors des fumigations pour éradiquer les plantations illicites, laissant les indiens de la sierra au cœur des hostilités.

Chaque groupe a dû affronter à sa manière l’invasion de son territoire : ils ont fui l’invasion en se réfugiant dans les hauteurs de la Sierra.

Ils sont restés particulièrement réticents au tourisme.

L’eau est très précieuse pour les Indiens qui s’opposent farouchement aux barrages hydroélectriques existants dans la région ainsi qu’aux nouveaux projets.

Les barrages interfèrent dans le cycle naturel des eaux de la Sierra et menacent les cultures et les moyens de subsistance des Indiens.

Les projets de développements et les grands propriétaires terriens rendent de plus en plus difficile le déplacement des Indiens sur leur territoire ancestral et les empêchent de faire des offrandes pour maintenir l’équilibre du monde.

Leurs rituels et leurs traditions sont caractérisés par un rapport très fort et très sensitif à la Terre.

Ils se sentent encore de nos jours « gardiens de la Terre » qu'ils considèrent et traitent comme « sacrée ». Ils sont capables de sentir d'après eux les lieux où la Terre est « vivante » et ceux où elle est morte.

Une association française, nommée « Tchendukua, Ici et Ailleurs », a été créée à la fin des années 1990 pour racheter les terres volées aux kogis afin de leur restituer.

L'histoire est un peu folle bien qu' elle ne manque pas d'être cruelle pour les Indiens kogis.

Au nord de la Colombie, ils vivent aujourd'hui un autre cauchemar, celui de leur possible disparition.

Repliés dans les hautes vallées de la Sierra - Nevada de Santa Marta, à moins de 45 km de la mer des Caraïbes, les Kogi sont au nombre de 12 000, plus du double si l'on inclut trois autres communautés, Aruacos, Arsarios et Wiwas, quand l'ensemble de cette population précolombienne était de 500 000 au moment de la conquête espagnole.

La menace est bien réelle sur cette pyramide montagneuse, « centre du monde » et « mère terre », prise dans l'étau des violences entre paramilitaires et mouvements de guérilla (FARC et ELN), convoitée par les pilleurs de tombes et les colons, repaire également des narcotrafiquants...

Au fur et à mesure qu'ils sont dépossédés de leurs terres ancestrales, 70 % en l'espace de trente ans, les Kogi meurent à chaque fois un peu plus.

Car ces terres sont les « racines » qui leur permettent d'accomplir leurs rituels et leur mission en préservant l'équilibre d'un univers dont ils font partie intégrante.

Pour eux, la perte de la terre signifie aller toujours plus haut, dans des conditions extrêmes, là où toute survie devient impossible.

Auquel cas les Kogi, inexorablement, seraient condamnés à l'extinction.

Le fatalisme d'une telle vision a fait soulever bien des montagnes à nombre de « petits frères », comme le disent les Kogi à propos des membres de nos sociétés modernes (pour qualifier ceux qui ne pensent pas), afin de rendre leurs terres aux Kogi.

L'un d'eux, Éric Julien, géographe de formation, guide de montagne « dans une autre vie », était en 1985 coopérant en Colombie quand il les découvre : atteint d'un oedème pulmonaire lors d'une course dans la Sierra à 4 500 mètres, il ne survivra qu'après avoir été recueilli et soigné par les Kogi, sans qu'il sache aujourd'hui trop comment.

Durant sa convalescence, il se passionne pour la culture de ces héritiers des Tayronas et, pour les remercier de lui avoir sauvé la vie, il promet de les aider à récupérer leurs terres ancestrales.

Dix ans plus tard, l'idée lui « trottant dans un coin de la tête », il crée l'association Tchendukua-Ici et ailleurs, pour mobiliser des dons en France pour permettre aux Kogi de racheter leurs terres.

L'opération est alors baptisée « Mille personnes pour une terre ».

Le premier lot de 50 hectares est acquis pour 70 000 francs en 1998, suivi par d'autres, représentant actuellement un total de plus de 1 500 hectares.

Une aide indissociable de celle de son « frère de coeur » colombien, Gentil Cruz.

Depuis les cités de pierre ont revu le jour à Santa Marta, des terres reprennent vie, des rituels sacrés sont réinstaurés, des objets précieux précolombiens (objets en or, perles, flûtes, quartz) récupérés auprès des pilleurs de tombes sont rachetés et restitués aux autorités spirituelles de la communauté, les Mamu.

Une mémoire ainsi reprend vie.

Et comme celle d'Éric Julien autrefois, la voie de la guérison est - ouverte.

Pour Éric Julien, une telle société peut choisir son futur.

Lorsqu'elle refuse, par exemple, de cultiver le café, elle paraît « primitive » en rejetant une forme de logique économique.

Mais pourquoi le ferait-elle au risque de détruire l'équilibre social du groupe ?

Ce peuple aurait-il préservé ce que nous, en - revanche, nous aurions perdu ?

Des liens étroits, multiples, sont tissés avec leur milieu naturel, interrogeant notre propre futur.

Ils veulent l'équilibre et la préservation du monde et non sa domination.

Ils sont pacifiques et veulent vivre en paix ensemble.

De fait, les Kogi sont loin de la modernité, tout au plus achètent-ils des bottes en caoutchouc pour se protéger des serpents, ou des machettes nécessaires à leurs travaux.

Tout cependant ne va pas de soi.

Dans la longue quête des Kogi, tout dialogue est souvent remis en question.

Des terres rachetées pour les rendre aux Kogi sont volées par des « paras » colombiens d'extrême droite.

Les familles sont chassées et on dénombre une cinquantaine de morts.

Le « frère » d'Éric Julien, Gentil Cruz a disparu ...

L'État colombien de son côté ne fait pas grand cas de ces « indigènes ».

La Sierra pourrait voir apparaître des téléphériques et, si ce projet devait aboutir, il en serait fini des Kogi.

Avant 1991, les Indiens (800 000 dans l'ensemble de la Colombie soit 88 communautés) étaient considérés comme des mineurs, sous tutelle de l'Église et ils ne disposaient d'aucune pièce d'identité.

Avec la nouvelle Constitution, les Indiens sont reconnus du point de vue juridique, ils peuvent organiser le système politique de leur choix et ont une relative autonomie.

Toutefois les fonds gouvernementaux mis à la disposition des préfectures pour contribuer au financement de projets de - développement constituent autant de bombes à retardement pour les Indiens, qui comme les Kogi veulent redonner vie à leur mémoire et à leurs terres.

Cam.

 
 
 

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