Le Panama : un coup de foudre

Après la traversée de plantations de bananes continues, nous empruntons à pied un vieux pont qui surplombe la rivière séparant le Costa Rica du Panama.

Une fois de plus, un douanier conciliant nous laisse passer sans billet de continuation.

Direction l'archipel Bocas del Toro.

Les bungalows en bois sur pilotis de style caribéen sont bordés par des eaux émeraudes.

Nous empruntons le chemin vallonné qui traverse une épaisse et généreuse végétation sauvage à travers les collines.

Il est humide et glissant.

La pluie teinte l'horizon d'une couleur bleutée et nos chaussures d'une couleur boueuse.

Nous quittons le sentier balisé, traversons un jardin privé vaguement dirigé par ses propriétaires, franchissons des cours d'eau, sautons sur des rochers, sillonnons entre les arbres, nous enfonçons dans un magma boueux et mouvant.

Bientôt, le sentier balisé se détache vivement puis complètement.

Le plus grand risque dans la jungle est de se perdre.

Faire demi-tour relève de la chimère.

Nos coeurs serrés battent la chamade en silence.

Nous nous dirigeons avec le bruit fracassant des vagues.

La jungle se courbe enfin pour s'ouvrir sur une plage déserte plantée de palmiers et de cocotiers.

Magique, magnifique, majestueux ...

Seuls au monde.

Nous courons côtoyer les lames écumées d'insouciance et les courants joyeusement farceurs.

Les minuscules grenouilles rouges maculées de noir jouent à cache cache dans les feuilles.

Nous jetons l'ancre à la pointe du parc national Bastimentos.

Se profilent les élégantes silhouettes des îlots verdoyants de mangroves.

Nos mains se joignent et nos yeux s'ouvrent démesurément sur un jardin de corail enchanteur aux

couleurs féériques.

L'on vit doucement au rythme décontracté du reggae et de la danse voluptueuse des colibris.

Direction l'archipel des San Blas, un havre d'îles paradisiaques classées plus belles îles du monde

par notre célèbre Antoine national, le chanteur aux chemises a fleurs.

Il est superflu d'insister ici sur la beauté rêvée de notre île.

Un paradis ombragé de cocotiers et noyé par une eau turquoise.

Les hamacs n'ont jamais été aussi doux.

Les pélicans bruns plongeant en piqué dans des eaux cristallines sur des bancs de sardines,

assurent le spectacle.

Une épave de bateau parsemée de poissons colorés devient notre terrain de jeu.

Une raie léopard nous rapproche.

Un poisson lune nous dévisage à travers nos masques.

Notre étreinte ne parvient pas à troubler les barracudas qui rôdent en maître des lieux.

La tranquillité de l'île n'est troublée que par le passage d'un bateau de croisière.

Les femmes kunas des îles alentours, un trait noir qui partage le visage en deux, des joues fardées

d'incandescence, un anneau d'or dans le nez, les cheveux courts, deux molas cousus sur la blouse, une jupe portefeuille aux motifs colorés, des bracelets de perles aux poignets et aux chevilles, arborent fièrement leurs molas.

Le bateau déverse sa marée noire.

Nous nous enfuyons au loin, en pirogue, armés d'un masque et d'un tuba.

Une île nous ferme ses portes pour nettoyage.

Nous restons fort décontenancés.

Nous apprendrons que la douane a investi les lieux poudrés de blanche.

Les San Blas sont un point de passage de la drogue en provenance de la Colombie.

Les kunas cachent la coco sous les cocotiers.

Notre île de substitution est convulsionnée.

Dès huit heures du matin, une ribambelle d'ivrognes râle ça et là, sur le sable, dans l'eau de mer ou sur un bois flotté. Nous levons l'ancre rapidement.

Le Panama s'apparente à un confortable hamac fixé entre deux continents.

Le plus dur aura été de le quitter par avion.

La traversée par voie terrestre via le Darien Gap (le tampon du Darien) paraissait plus excitante mais nous ne sommes pas encore suffisamment aguerris ou plutôt guerriers pour la tenter seuls.

Cam

#panama #carnetdevoyages