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A la rencontre des tribus kuna

  • Photo du rédacteur: Reni Andcam
    Reni Andcam
  • 9 juin 2015
  • 15 min de lecture

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La vie communautaire tient une grande place dans le quotidien des Kunas.

Dans chaque communauté, elle est régie par le "Congreso".

Celui-ci est dirigé par des Sahila, que l’on peut considérer comme des chefs coutumiers.

Grâce à leur sagesse reconnue, ils vont aider les villageois à régler les problèmes quotidiens mais leur fonction première est de transmettre la tradition.

Celle-ci se transmet oralement de générations en générations depuis des siècles, pour ne pas dire des millénaires, par des chants psalmodiés.

Le Sahila premier est donc le chef spirituel et coutumier du village.

Il est assisté d'autres Sahila.

Leur nombre varie suivant l’importance des villages, mais aussi en fonction de leur niveau de "traditionalisme".

Un village moyen de cinq à huit cents habitants compte généralement trois sahila.

Ces caciques sont choisis par les habitants en tenant compte de leur sagesse et de leurs grandes connaissances des traditions et de la culture du peuple Kunas.

Avant qu'ils puissent postuler, ce savoir leur a été transmis par d'anciens Sahila au cours de nombreuses et longues séances d’apprentissage de chants psalmodiés.

Pour parfaire la sauvegarde de la tradition et étudier son adaptation au monde moderne, les Sahila se réunissent plusieurs fois par an au niveau du district et deux fois par an au niveau de Kuna Yala pour des "Congreso General de la Cultura".

Il est fréquent aussi qu'un ou deux Sahila viennent en visite dans un village.

Des chants psalmodiés se transmettent des uns aux autres.

La langue Kuna n'étant devenue une langue écrite que récemment, la tradition s'est transmise oralement au travers de ces chants et de quelques écrits les transcrivant sous forme de suites de petits dessins symboliques faisant penser à des hiéroglyphes.

Chaque jour, vers dix-sept heures, les villageois se réunissent dans la maison du Congreso.

Au centre de celle-ci, assis à califourchon ou étendus sur leurs hamacs, les Sahila vont régler de façon démocratique les problèmes courants du village.

Ils vont proposer une solution qui leur semble sage et conforme à la tradition.

Toutes les personnes présentes, hommes ou femmes, peuvent donner leur avis avant qu'une décision quasiment unanime soit prise après de longues palabres.

Elle sera confirmée par les Sahila.

Pour ce qui concerne la vie quotidienne, ils sont assistés de nombreux responsables: Chef des maisons, Chef du cimetière, Chef des cocoteraies, Chef du bois mort, etc.

Ce sont eux qui vont désigner les travaux communautaires à effectuer, la date et les hommes qui en seront chargés.

Au cours de ces réunions seront aussi résolus les petits litiges entre villageois et, si nécessaire, on jugera les bêtises commises par tel ou telle.

Les cas graves sont très rares, les sanctions pouvant atteindre l’exil temporaire sur une île déserte ou l’exclusion de la communauté.

Chaque Congreso fait respecter les règlements qu’il a définis pour son propre village.

Suivant les communautés, deux ou trois fois par semaine, à la demande du Sahila, un Suar Ibgana passe dans le village en faisant sonner une cloche.

Cela signifie que toute la population adulte est convoquée à la séance du soir.

La présence est obligatoire.

Le Secrétaire notera les absences.

Gare à la multa ! (l'amende).

Les Kunas qui quittent leur territoire (Kuna yala) multiplient ainsi les amendes et ne pouvant pas payer une telle somme sont condamnés à ne plus rentrer parmi les leurs.

Lors de ces cérémonies les Sahila vont psalmodier leurs chants traditionnels très anciens.

La religion animiste, le respect de la nature et le civisme en sont les sujets essentiels.

Ils sont incompréhensibles pour la population actuelle.

D’une part, la langue est très ancienne et n’a pas évolué comme le langage courant et d’autre part, ces textes sont ésotériques et fleuris de métaphores.

Lorsque le chant prend fin, il va falloir qu'un autre personnage très important du Congreso, debout près des hamacs occupés par les Sahila, fasse une traduction résumée des passages importants.

C'est le Argar, véritable "conservateur" de la tradition kuna.

Il connait tous les chants mais ne désire pas passer son temps à administrer un village, préférant étudier inlassablement la culture kuna.

Ces réunions qui commencent à dix-sept heures peuvent durer assez tard dans la nuit.

En dehors des réunions hebdomadaires du Congreso consacrées à la transmission de la tradition religieuse par les chants des Sahila, il n’y a que deux cérémonies communautaires au village consacrées aux jeunes filles.

La première (inna mutikis) va avoir lieu lorsqu'une jeune kuna, atteignant l’âge de la puberté, a ses premières règles.

Ce jour-là, le père va informer le Sahila et le "chef des fêtes".

Des hommes, généralement de la famille, vont aller sur le continent recueillir des palmes particulières (urua) et des bambous.

Dans la cour, ou dans la grande case à vivre de la demeure familiale, on va construite une petite hutte sans toit (surba), de la taille d’une cabine de douche.

La jeune fille va y passer quatre journées.

Sa mère, ses grand’mères ou sœurs, vont l'arroser régulièrement d'eau de mer puisée dans le petit ulu de cérémonie placé tout près.

Pour le tenir plein, des femmes du village vont, par groupes, remplir leurs seaux au rivage.

Ces douches traditionnelles s’appellent oged.

A la fin des quatre jours, la jeune fille est enduite entièrement d’un jus extrait du fruit de l’arbre jagua (genipa americana).

Une Kuna spécialiste, la ied, vêtue d’une blouse blanche lui coupe un peu les cheveux

Pendant ce temps les hommes de la famille sont allés sur le continent recueillir des cannes à sucre pour préparer la boisson alcoolisée (inna ou chicha fuerte) qui sera bue au cours de la fête à venir.

Il s’agit, au retour, de bâtir des pyramides de ces longs fagots poisseux au pied d’étranges machines disséminées dans le village.

Pour servir le Gaï Souar (c’est son nom ici) ils, ou elles, sont trois.

Se repèrent de loin, un Noureïev ou une Margot Fonteyn, faisant leur séance de barre d’une curieuse façon.

Ils montent carrément dessus ...

Description : dans le tronc d’un arbre, le plus souvent un moignon de cocotier, mais parfois encore en vie, on a pratiqué un évidement et, là dedans, fiché deux barres rondes de bois dur superposées.

Une courte, qui pour rester fixe prend appui à son autre extrémité sur un petit poteau, et juste au dessus une longue, celle-ci libre pour tout mouvement alterné vertical.

C’est justement là au bout que sautille le préposé, se maintenant en équilibre sur la poutre capricieuse grâce à de longues béquilles.

Le but est de faire monter et descendre leur perchoir flexible en cadence, les deux autres acteurs en profitent, placés qu’ils sont de part et d’autre de l’engin, pour faire passer la canne à sucre entre les deux barres.

La bassine de récupération, sitôt remplie, est transportée à des fins de transformation chimique, dans la "cuisine municipale".

Ici, commence la deuxième partie de cette folle journée de préparation du breuvage tant espéré des villageois.

Tandis que les derniers soubresauts des équilibristes finissent de mâchouiller les cannes à sucre restantes, les grosses bassines débordantes de jus ambré arrivent une à une dans la cuisine communautaire réservée aux fêtes (Inna Nega).

Aussitôt versées dans de gros chaudrons en fonte.

Au centre de la sombre hutte, on les a placés sur de vaillants feux de bois.

Le Inna Duled est responsable de l’élaboration du breuvage magique.

Il lui faut doser, température du jus, quantité de café moulu et autres ingrédients secrets ajoutés.

Quand on estime que le liquide imparti est désormais tiède, il faut le porter aux chimistes qui, jugeant si sa température est optimale, le versent dans les jarres sagement alignées.

Les chaudrons finiront par s’épuiser, au contraire des belles terres cuites ventrues. Le Inna Duled et ses aides vont fermer les jarres avec des palmes choisies sur le continent à cet effet, les liant autour du large goulot par de fines lianes.

Le Kantule, psalmodie quelques chants pour demander aux divinités de bien vouloir activer la fermentation et de faire que cette inna (ou chicha fuerte) soit parfaite pour célébrer la cérémonie de la puberté de la jeune fille concernée.

L’alignement des grosses amphores de breuvage vénéré est emmitouflé de couvertures ou de nappes de toile cirée.

Il va rester là dix jours, protégé des mauvais esprits par des gris-gris.

Les ulu (pirogues) sont omniprésentes aux San Blas

Taillées dans un seul tronc de bois dur, ce travail est confié à un charpentier spécialiste.

Il utilise une herminette et sa machette pour tailler et creuser.

Afin de vérifier que l’épaisseur reste régulière, ce qui garantira un bon équilibre du cayuco, des perçages sont pratiqués à plusieurs endroits puis obstrués par des chevilles.

L'extérieur et le fond sont enduits de goudron.

Les autres parties intérieures et surtout la proue seront, pour les plus remarquables, décorées de beaux motifs colorés.

Eléments importants de la pirogue, la pagaie qui sert de rame ou de safran, et les voiles, souvent cousues avec des tissus divers.

Les Kunas sont de vrais marins.

Comme son ulu, la musique et les chants accompagnent chaque moment important de la vie d'un Kuna, de la naissance à la mort.

Il y a deux sortes de chants traditionnels.

Ceux dits "spécialisés", qui requièrent un don particulier, une mémoire hors du commun et un long apprentissage.

Ils transmettent la tradition religieuse et culturelle et accom­pagnent des rites tels que les fêtes de la puberté ou les cérémonies funé­raires.

Ils ont aussi un rôle très important dans la pratique de la médecine et de l'exorcisme, permettant aux Nele de s’adresser aux divinités.

Les autres chants pourront être interprétés par tous les Kunas, plus ou moins doués… pour accompagner la construction d'une maison, l'édu­cation des enfants ou des activités quotidiennes, la pêche, la vannerie, la récolte du riz, la couture des molas etc.

La musique et les danses interviennent essentiellement au cours des cérémonies de la puberté.

Mais aussi, plus récem­ment durant des festivals organisés pour sauvegarder ces danses traditionnelles qui avaient tendance à disparaître.

La flûte de Pan et les maracas sont traditionnellement utilisées pour accompagner les danses.

Dans la tradition, six hommes et six femmes dansent, les hommes jouant de la flûte e pan tandis que les femmes rythment les pas en agitant des maracas.

Les danses sont une des expressions de la religion, elles se référent à la nature et sont pour la plupart inspirées par le comportement des animaux de la jungle ou par le vol de certains oiseaux.

Les femmes arborent chaque jour la tenue vestimentaire qui est incontestablement une des plus belles et des plus colorées du monde.

Elle se compose d'une blouse aux manches courtes et bouffantes, coupée dans un tissu imprimé très coloré, dans laquelle, devant et derrière, sont intégrées les extraordinaires molas.

La jupe mi-longue, le saboured, est un simple rectangle de tissu enroulé autour de la taille, de couleur plus discrète, vert ou bleu foncés avec quelques motifs simples.

Traditionnellement rouge vif à motifs jaunes, le foulard, le muswe, est simplement posé sur les cheveux courts.

Si l'absence de soleil et de timidité le permettent il pourra être porté plié sur l'épaule.

La tenue est complétée par un petit anneau en or passé dans le nez, des colliers, des boucles d'oreilles et des bagues en or.

Dernière touche d'élégance, le maquillage.

Les pommettes sont rehaussées de rouge orangé et parfois un trait noir est tracé le long de l'arête du nez depuis la base du front.

Autour des avant-bras et des mollets sont enroulés les wini, longs chapelets de petites perles oranges, jaunes et noires qui sont enfilées au fur et à mesure de leur mise en place pour former des motifs géométriques.

La finesse des bras et des jambes est un signe de beauté pour les Kunas.

Les hommes Kunas s'habillent de nos jours à la façon "occidentale".

Pour les réunions quotidiennes du Congreso, les sahilas (caciques) et quelques hommes à l'occasion des fêtes portent comme autrefois une chemise à manches longues fermée sur le devant, froncée dans le dos et sous le col ouvert en V.

De couleur unie, souvent bleu-roi, vert, jaune ou mauve, elle tombe sur un pantalon noir ou marron, coupé un peu court.

Ils nouent parfois une cravate et se coiffent d'un feutre sombre.

Les molas sont l’élément essentiel de la culture kuna.

Dans la langue kuna actuelle, mola signifie vêtement ou plus restrictivement la blouse (étymologiquement, le plumage de l’oiseau).

Au fil du temps, les tissus employés et les dimensions des molas ont évolué.

Au début, les motifs étaient toujours simples et réalisés dans des cotonnades un peu épaisses.

Les blouses portées sur la jupe tombaient jusqu'à mi-cuisse.

De nos jours, la blouse est rentrée dans la jupe.

Une mola mesure en moyenne 45 cm de large sur 35 cm de haut.

Le principe de "l'appliqué inversé" consiste à superposer deux à cinq couches de tissus de couleurs différentes, à les surfiler pour les tenir en place puis à y découper le contour des motifs.

Les découpes aussitôt ourlées finement deviennent des traits prenant la couleur inférieure choisie et composent peu à peu le tableau.

Seule la dernière couche ne sera pas découpée, elle sert de couleur de fond et de support pour les ourlets minuscules de chaque découpe.

Les couleurs de base les plus fréquentes sont le rouge brun, l'orange et le noir.

La création d'une belle mola demande de trois à cinq semaines de travail, parfois plus pour des pièces exceptionnelles de créativité et de qualité.

Caractéristiques d'une belle mola

Le motif principal doit être immédiatement identifiable et ne pas être brouillé par les motifs annexes ou par les couleurs avoisinantes.

La mola qui, comme une peinture d'artiste, sera examinée à une distance de un à deux mètres, doit dégager un équilibre des motifs, et des couleurs ainsi qu’une harmonie générale.

Les motifs traditionnels restent les formes géométriques, les sujets inspirés de la nature, animaux et fleurs ou des objets de la vie courante.

Il y a aussi des sujets d'acculturation, souvent amusants et intéressants s'ils sont traités dans la tradition de l'exécution.

Présentées par paire ou sur une blouse, les deux molas doivent traiter du même sujet, avoir une grande ressemblance mais toutefois se différencier par de petits détails de motifs et de couleurs, tout en restant en harmonie.

Caractéristiques d’une bonne technique:

- les points de couture doivent être quasiment invisibles: d'une part les fils seront exactement de la même couleur que les tissus, et d'autre part les points seront très fins et resserrés.

- les courbes des motifs doivent être très régulières et non pas une suite de petites droites.

- tous les sillons de couleurs qui dessinent le motif, c'est à dire les découpes une fois ourlées, doivent être étroits et très réguliers en largeur (1,5 à 2 mm maxi).

- toute la surface de la mola doit être utilisée, mais les motifs annexes, rayures, triangles, ronds etc. et les broderies additionnelles doivent mettre en valeur le sujet principal et non pas l'étouffer.

- posée à plat la mola ne doit pas présenter de reliefs inégaux et doit bien sûr être réalisée avec des tissus de bonne qualité.

Longtemps avant chaque fête annoncée les femmes d'un village se mettent à préparer une nouvelle tenue, et cousent à cet effet de belles molas.

Toutes les femmes Kunas consacrent plusieurs heures chaque jour à coudre des molas, soit pour leurs blouses soit pour les proposer à la vente.

Les jeunes filles commencent à apprendre la technique dès l'âge de 6 ou 7 ans, et il n'est pas rare de voir des grand'mères de 80 ans coudre encore, et souvent sans lunettes…

Dans chaque villag, quelques femmes spécialistes, et quelques hommes raffinés, créent des motifs de molas, interprétant des sujets traditionnels ou innovant avec des sujets stylisés au design moderne, ce sont de véritables artistes.

Ces projets seront réalisés ensuite par les femmes de leur entourage et pour certains par eux-mêmes.

Les Kunas malgré toutes les tentatives de dominations venues de l’extérieur ont su garder intacte leur identité culturelle.

Ceci grâce à leur résistance aux invasions et à leurs rites et traditions transmis de génération en génération à l’aide de chants psalmodiés par les sahilas.

Au cœur de cette culture figure la médecine.

Bien que côtoyant maintenant la médecine occidentale, elle n'en demeure pas moins fortement ancrée dans le mode de vie.

Les Kunas ont toujours pensé que le monde physique (neg sanaled), que nous percevons à l'aide de nos cinq sens, est sous-tendu et animé par le monde de l'esprit (neg burbaled).

Le bien-être de la Mère-Terre provient du bon équilibre de sa nature spirituelle.

De même, celui d'un individu découle d'un bon équilibre de son âme.

Si cet équilibre est rompu par la collectivité, cela entraîne inévitablement des catastrophes naturelles ou des épidémies.

Au niveau individuel, si l'âme est corrompue ou blessée un dérèglement de l'état de santé ou un accident va survenir.

Les nele (shamans) devront donc entrer en contact avec les mauvais esprits pour dialoguer avec eux et essayer de les vaincre afin d'entraîner la guérison.

Pour cela, leur esprit va voyager dans les huit couches de royaumes, pour intervenir dans celui de la maladie et de la guérison.

Là, se trouvent deux types d'esprits: les boni (esprits du mal) et les nuchu (représentés par les statuettes de bois).

Le nele utilise les nuchu pour combattre les boni dont le plus mauvais est nia, le démon.

La plupart de ces statuettes en bois, qui mesurent environ vingt à trente cm de haut, représentent des hommes. Ils n'ont pas obligatoirement la morphologie ou la physionomie des indigènes.

Ils sont peints parfois avec des vêtements d'étrangers, voire même avec des uniformes.

Ce n'est pas ce que représente le nuchu qui est important, c'est le bois dans lequel il a été sculpté qui a telle ou telle vertu.

On peut trouver une vingtaine de bois différents.

Le plus utilisé est le balsa.

Il est tendre, ce qui veut dire qu'à l'image d'un homme souple d'esprit, il est intelligent.

Il y a trois types de spécialistes de la médecine.

Le nele, homme ou femme, le seul à posséder un pouvoir surnaturel inné.

Généralement, il est reconnu par d'autres nele.

Souvent, lors de sa naissance, un événement exceptionnel est intervenu.

Par exemple, sa mère meurt en couches, il est né le placenta collé au visage etc.

Dès son enfance, le futur nele fait preuve d'une intelligence rare, de pouvoirs de télépathie, de prémonition ou autres.

Les grands nele ont le pouvoir d'envoyer leur esprit visiter les royaumes des Esprits et leur spécialité première est d'établir un diagnostic du malade.

Le Igar Nuled, l'homme médecine, botaniste remarquable, il connaît les vertus médicinales de toutes les plantes de la forêt équatoriale.

Il les utilise pour préparer ses remèdes, potions et bains.

Il peut aussi se servir de poudres tirées d'animaux morts, d'os ou d’écorces de bois broyés etc.

Le cacao a une grande importance dans la médecine.

Il accompagne toutes les cérémonies.

Des graines de cacao brulent dans un petit mortier de terre cuite (sianar) dans la case du malade.

Sa fumée a des propriétés curatives mais elle favorise également la transmission des incantations adressées aux esprits.

Le Igar Wisid, lui est spécialiste des chants psalmodiés qu'il adresse aux esprits de la maladie et de la guérison.

Il en a appris beaucoup.

Du plus court pour soigner une petite fièvre au plus long qui dure huit jours durant lesquels une "équipe médicale" de plusieurs nele et igar intervient au niveau d'une communauté touchée par une épidémie ou par une malédiction.

Durant ce traitement, le village est mis en quarantaine, des drapeaux rouges entourent l'île, personne ne peut y entrer ou en sortir.

Igar Nuled et Igar Wisid n'ont pas de pouvoirs innés.

Ils ont longuement étudié leur spécialité auprès d’anciens.

Parfois, ces rôles s'entremêlent,.

Un seul igar peut connaître plantes et chants.

De même, un nele peut avoir étudié afin d'ajouter une ou deux de ces spécialités à son pouvoir surnaturel.

Quand une personne tombe malade, le premier diagnostic est fait par les membres de la famille, en particulier par les anciens, et après concertation de tous on applique une médecine mêlant chants et remèdes.

Si le cas est exceptionnel ou semble grave, la famille fait appel au nele, celui-ci tente de se mettre en relation avec les esprits qui peuplent la hutte familiale.

Il examine le patient, parle avec les membres de la famille pour connaître les derniers évènements survenus et l'état d'esprit récent du malade.

Il fait connaître son diagnostic et les "hommes-médecine" interviennent avec l'aide constante des femmes de la famille.

Si le traitement échoue c'est qu'il n'a pas été possible d'entrer en contact avec les esprits ou que ceux-ci n'ont pas voulu que le malade guérisse.

De nos jours, dans des cas délicats ou graves, parfois le médecin panaméen du dispensaire (il y en a un sur quelques grandes îles) va s'occuper d'un malade en collaboration avec les nele.

Mais, le plus souvent lorsqu’un malade est entre les mains du shaman, nul ne pourra intervenir lorsqu’il est au chevet de son patient.

Les igar nuled ont une connaissance de la médecine par les plantes, issue de plusieurs milliers d'années de pratique.

Sûrement aussi que leur connaissance des forces cachées de la nature et des humains contribue à obtenir des guérisons.

La demeure est plus ou moins grande suivant l'importance de la famille, mais elle comporte presque toujours trois huttes, disposées autour d’un patio.

Si l’habitation est en bord de mer l’ensemble est complété par un petit ponton de bois.

La plus grande case sert dans la journée de salle de séjour et pour la nuit, hamacs déroulés, c'est le dortoir familial.

Rares sont les meubles, quelques sièges rudimentaires, un coffre pouvant servir de coiffeuse, mais point d'armoire.

Ici, les vêtements sont pendus au plafond.

La hutte moyenne, c'est soogaya, la cuisine.

Le foyer, est à même le sol, cinq grosses bûches disposées en étoile se consument à longueur de journées.

Il est surmonté soit d'un gros faitout où mijote durant des heures le dule masi traditionnel, soit d'une claie où se fume la pêche ou la chasse du jour, cachée parfois sous un morceau de carton sévèrement amoché.

Enfin, la plus petite, sans toit, souvent montée sur pilotis au-dessus de l'eau, sert pour les ablutions et aussi de WC.

Construire une hutte est dans la plupart des villages une affaire communautaire.

Le "Chef des maisons" fixe une date.

En prévision, le propriétaire récolte bambous et palmes et le jour dit les hommes du village viennent bâtir la nouvelle hutte.

Cela ne prendra qu'une journée et généralement elle durera de quinze à vingt ans.

La structure traditionnelle est faite de quatre poteaux d'angle et de deux poteaux maîtres pour le faîtage sur lesquels sont fixées des poutres horizontales.

Cette ossature plantée en terre supporte les parois extérieures de bambous qui ferment la hutte et les voliges de roseaux sur lesquelles sont liées les palmes qui assurent la couverture.

Dans la cour pousse parfois un arbre à pain, un ou deux bananiers, de petits piments et quelques fleurs.

En liberté surveillée, on rencontre souvent un chien, un chat, un couple de perruches ou un écureuil, les Kunas ne sont jamais bien loin de la nature.

Les habitations avec "vue sur mer" sont pourvues d'un petit ponton en bois et d'un espace empierré où chaque soir sont hissées les pirogues de la famille.

Cam

Source : http://www.sagapanama.fr

 
 
 

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