Le Costa Rica : un monde de rencontres
- Reni Andcam
- 23 mai 2015
- 3 min de lecture

Le voyage est ponctué de rencontres hautes en couleurs.
Pourquoi attendre le Costa Rica pour en dépeindre ?
Le coeur a des raisons que la raison ignore.
Comment ne pas vous présenter ce jeune couple français, originaire des Pyrénées, saisonnier et voyageur par intermittence.
Comme tant d'autres, me direz-vous.
Certes, mais doté d'une gentillesse, d'une simplicité et d'une humilité à vous faire rougir de honte.
Leur secret pour assouvir leur passion du voyage : dormir dans un bus aménagé.
Se rendre à Marino Balena durant la semaine sainte relève du défi.
Les hôtels affichent tous complets.
Notre bienfaitrice : la femme de ménage de l'un d'entre eux qui n'hésite pas à nous mettre en possession des clés de son foyer.
Agée de quarante trois ans, dorée de hâle, aux lèvres un peu saillantes, son corps énergique et maigre contraste avec son regard triste et fatigué.
Sa jeune fille s'est évaporée dans les bras d'un " gringo " (nord-américain) qui l'a enfantée dans la douche.
Et, une opération de la jambe l'a fait souffrir, en dépit de ses massages minutieux.
Lenny, âgé de plus de soixante ans, originaire des îles Mariannes, haut de taille, yeux bleus, cheveux longs filasses, blanc de peau, de cheveux et de favoris, bras couverts de tatouages, un front uni sans apparences de rides aux tempes, de physionomie aimable, impassible, un être doux et serviable, eut inspiré confiance aux plus craintifs.
Ce personnage énigmatique offrit de nous présenter un restaurant réputé, malheureusement absent.
Il proposa de nous attabler au voisin qui s'ouvrait sur le quai.
Nous avions le temps.
Nous acceptions l'invitation.
Nous nous contentions de deux rafraichissements.
Lenny nous régala d'un ananas coupé et son ami, blues-man, originaire de Louisiane, de deux beignets créoles confectionnés par ses soins.
Lenny vidait, à un rythme effréné, de grands verres de rhum.
Ce légionnaire, ancien pilote d'avion, nous contait la guerre du Vietnam, l'Afrique ...
On le sentait de plus en plus envahit par l'ivresse.
L'oeil à demi hébété, la démarche branlante, la tête ébouriffée, il titubait, trébuchait, s'appuyant sur nos épaules bienveillantes et volontaires.
Il tombait, s'accrochant désespéremment aux barbelés, et se relevant les deux mains ensanglantées.
Il ne se reveillait que le lendemain matin, reprenant sa vie d'hermite, enfermé dans sa chambre.
Peut-être rongé par la honte, le remord voire la culpabilité.
Dommage et toujours difficile de quitter sans dire au revoir.
D'autant, que la quantité de rhum qu'il a ingurgité n'a pas noyé notre coeur qui a vocation à aimer sans préjugés ni jugements.
Rarement, le lonely planet aiguise des rencontres.
Et, pourtant ...
L'enseigne mystique d'un bar-restaurant ne m'est pas étrangère.
Et, pour cause ...
Nous nous arrêtons, prêts à pénétrer.
Une expatriée, canadienne francophone, vient à notre rencontre.
Energique, franche, de corps plutôt rond que mince, bien à son affaire, bien d'aplomb, positive, d'une joie de vivre contagieuse et insouciante partage tout sans détour et sans retour.
Nous apprendrons que le bar-restaurant est fermé et que cette jeune femme d'affaire demeure dans sa propriété, récemment acquise sur un coup de coeur, depuis à peine une semaine.
Une magnifique leçon d'hospitalité, vous en conviendrez.
Catherine, âgée de cinquante cinq ans, française, originaire de la Rochelle, est en villégiature avec son fils Stéphane, âgé d'environ vingt-sept ans.
Nous partagerons leur voiture de location mais surtout des fous rires à n'en plus finir.
Ce petit bout de femme, le teint animé, le regard vif et larmoyant, aux lèvres souriantes, sensible, spontanée et relativisant a fait un pas dans mon coeur.
Son histoire est riche et émouvante.
Partir avec un bébé de six mois, plus de trois ans, en Côte d'Ivoire.
Devoir la quitter en raison d'évènements douloureux.
Voyager plus de quinze ans sur un voilier, en méditerranée.
La Turquie, l'Algérie, le Maroc, la Libye ...
Suivi d'un retour en France précipité par nécessité.
Un mari âgé de plus de vingt cinq ans son aîné, parti trop vite.
Catherine m'avouera avoir l'impression d'avoir rêvé sa vie.
J'ai alors pris conscience que j'étais en train de rêver la mienne.
Cam.
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