La tradition du théâtre dansé Rabinal Achi

Le Rabinal Achi est le seul vestige connu d'un théâtre amérindien précolombien conservé vivant jusqu'à nos jours.

La colonisation puis le conflit armé des années 80/90 qui était au cœur des départements de Rabinal et K’iché ont presque failli venir à bout de cette danse traditionnelle.

La tradition du théâtre dansé Rabinal Achí a été originellement proclamée en 2005 puis inscrite en 2008 par l'UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Le Rabinal Achí, ancestralement connu comme Tun Xajooj (la danse de la cuve), est un drame musical maya du XVe siècle dansé dans la ville de Rabinal au Guatemala le jour de la Saint-Paul (patron éponyme), le 25 janvier.

Il se distingue notamment par l'emploi de masques.

Son intrigue a été préservée grâce à la tradition orale du peuple de Rabinal, ainsi que les représentations artistiques des habitants.

Il a été interdit vers 1625 durant la colonisation espagnole, et depuis plus de deux siècles est resté caché.

En 1856, le prêtre de Rabinal, Brasseur de Bourbourg, a transcrit le texte et la musique de l'oeuvre, en français après une narration par le vieux Bartolo Sis, malgré les réticences des villageois conscients de son contenu païen.

On pense qu'il existe une version manuscrite 1850, bien qu'il ait été détruit dans les années 80 du siècle dernier.

La version actuelle, Perez Manuscrit, a été datée par une personne nommée Manuel Pérez, précisément, le 12 Juin 1913.

Ce joyau de l'histoire préhispanique reste avec le directeur du groupe de danse de Rabinal Achi, José León Coloch, qui a hérité de son père Stephen Xolop.

Les fac-similés ont été faites pour une utilisation quotidienne et les restes originaux protégés par la famille León.

Rabinal Achi présente un récit en quatre actes qui évoque une lutte de pouvoir entre deux centres politiques, Rabinal et Quiche.

L'argument du Rabinal Achi est le suivant : le souverain du Quiche, Kaweq Kiché, un guerrier rebelle qui a trahi l'ordre social, notamment accusé d'avoir enlevé des enfants du village de Rabinal, d'ambitions territoriales et de concupiscence envers la femme et la favorite du prince achi, subit son procès par la Cour de Rabinal.

Il doit payer pour ses crimes ...

Le prince du Quiche accepte sa condamnation mais demande la permission de rejoindre ses terres pour les admirer une dernière fois avant de mourir.

Autour de lui, la cour du seigneur Job Toj, la reine Ixoc Ahau, la princesse, la mère du Quetzal et les guerriers jaguars et aigles de Rabinal.

Le récit se termine par son sacrifice lors d’un festin présidé par les Dieux, décapité avec ses guerriers, cimenté dans un mur, exposé aux yeux de tous.

La représentation a pour but de convoquer les ancêtres et d'entendre leur parole dans la plus pure tradition maya.

Acteurs et spectateurs échappent ainsi à la logique du récit.

L'histoire est racontée d'une façon différente chaque jour à travers des éléments précis : les pierres, les os, les masques, les costumes, les instruments de musique, l'éclairage et le texte.

Tous ces éléments sont porteurs de la mémoire des ancêtres et de la magie du fondement culturel propre à toutes les cultures amérindiennes.

Rabinal Achi a été préservée par les Mayas Achi de San Pablo Rabinal, au Guatemala, depuis la Conquête espagnole en 1547.

Cette région, qui a souffert de nombreux massacres durant la guerre civile, continue à représenter tant bien que mal cette fable musicale avec l'appui du clergé local, malgré la concurrence des forains.

Paradoxalement, c'est peut-être, à l'avenir, le développement du tourisme qui donnera un nouveau souffle à ce magnifique drame maya.

Cam.

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