Sans avoir le portefeuille de Manu Chao, aller boire une téquila avec le sous-commandant Marcos

Les jambes encore engourdies par une nuit de bus, le chiapas dévoile son extraordinaire magnificience, nappée de brume.

Des paysages somptueux contrastés et nuancés fusionnent, motivés par une topographie accidentée et par une variété climatique.

Dans les gorges profondément découpées du canyon du sumidero, le fleuve serpente entre les vertigineuses parois rocheuses, abruptes et escarpées d'un impression défilé au fond d'une gigantesque faille.

La mousse recouvre, avec fantaisie, la paroi érodée par une interminable fine pluie d'eau.

La plupart des maisons en bois, mal en point, nous rappellent que nous nous enfonçons dans la région la plus pauvre du Mexique.

Les eaux des lacs de Montebello, toutes différentes selon leur situation, composent une étonnante palette de magnifiques tonalités du violet au vert émeraude en passant par le bleu turquoise, le vert foncé, le gris acier, le bleu vert, le bleu tendre et le bleu profond.

Une dense végétation de forêts de pins et de chênes les enserre avec fougue.

Nous écoutons le silence absolu que même la respiration du vent dans les arbres ne saurait briser.

Direction Ocosingo, tristement célèbre pour avoir été le théâtre des affrontements entre l'armée et les zapatistes (10 000 hommes et femmes), sous l'égide du sous-commandant Marcosn lors du soulèvement du 1er janvier 1994.

Plusieurs centaines de morts dont des femmes et des enfants.

Départ aventureux pour la laguna miramar, dans un écrin de jungle tropicale du lacadon, à la frontière guatémaltèque.

130 kilomètres seulement ...

Six heures de piste de sable et de cailloux, littéralement secoués, accrochés aux barreaux d'une bétallière, à manger la poussière, sous une chaleur accablante.

Les fantômes du Che Guevara, d'Emiliano Zapata et du sous-commandant Marcos hantent les murs.

Arrivés au village d'Emiliano Zapata ....

Un haut-parleur annonce les nouvelles du village.

Les indiens bénéficient d'une certaine autonomie sous surveillance.

Deux heures de marche dans la boue.

La laguna miramar est une perle bleue, pure et cristalline, boursouflée de nuages réfléchissants, dans la jungle vierge que seule une pirogue peut dompter.

Nous nous endormons dans nos hamacs recouverts de nos moustiquaires, bercés par le cri rauque des singes hurleurs.

Le retour se fera sans le guide, mis dans nos pattes au nom de la commnauté maya, qui a tenu à nous abandonner.

De retour à Ocosingo, un indigène, arborant fièrement son sombrero et la propreté de sa tenue impeccable, me fait gentillement remarquer que ma beauté est recouverte des pieds à la tête de boue et de poussière.

Les couleurs envoûtantes des tenues des femmes indiennes narrent les traditions.

Deux barrages zapatistes ont tendus les cordes à travers la route aux fins de bloquer l'accès aux cascades Agua Azul qui demeureront dans notre imaginaire.

Nous rejoindrons difficilement Palenque, en bordure de jungle.

Nous croiserons, non sans inquiétude, des voitures de police circulant en sens inverse.

Les compas de San Sebastien de Bachajon luttent pour le respect de leur droit, contre le mégaprojet d'autoroute entre San Cristobal et Palenque, contre le mégaprojet touristique des cascades d'agua azul (comprenant terrain de golf, hotel de luxe etc...).

Malheureusement, leur tentative pacifique de récupération de leurs terres expropriées et de la cabine de péage menant aux cascades agua azul

Quelques jours plus tard, plus de 900 policiers de l’État ont procédé à une expulsion violente avec la disparition pendant quelques heures de huit membres de la communauté.

Pire, la police a tiré à balles réelles, causant deux morts.

Cam.

#mexique #carnetdevoyages