Un bain de zénitude à Tepozlan

Tepozlan est un village mystique, à dominante bouddhiste, perché, au sens figuré et au sens propre, au sein d'un écrin de montagnes aux formes fantasmatiques, spirituelles et silencieuses.

Un temple aztèque dédié à Tepoztecalt, l'un des dieux du pulque et de l'ivresse, domine la vallée de Morelos.

Ce havre de paix est rythmé par le vacarme incessant des cloches de la paroisse et maculé d'hippies.

Notre terrasse, blottie dans un cirque montagneux, jouit d'une vue splendide qui invite à la méditation et à la contemplation.

Nous tentons l'aventure du Temazcal, littéralement dans la langue des dieux, maison de vapeur.

Le mot désigne à la fois le lieu et la cérémonie ancestrale des cultures amérindiennes du sud et du nord qui s'y déroule.

Dans l'antique mésoamérique, avant l'arrivée des européens, il était utilisé lors de rites thérapeutiques et de bains quotidiens visant à purifier le corps après la bataille.

Le sauna traditionnel indigène fait vraiment suer ...

Une étuve mexicaine ...

Imaginez un gigantesque four à pizza, construit en bois et recouvert d'argile, en forme de dôme, d'igloo.

La symbolique est belle de poésie.

La structure et l'antre noir du temazcal, de forme semi-sphérique, représente le ventre de notre mère voire l'utérus : la terre (la pachamama, la madre tierra), dont le nombril se trouve dans le sexe de l'homme et dans les pierres ancestrales, savantes et détentrices du code génétique de l'histoire de notre planète.

Cette cérémonie est présidée par la déesse temazcaltoci, déesse de la santé, dont le rôle est de faciliter l'union de l'homme avec la terre à travers une renaissance spirituelle.

Le temazcalero nous prie de demeurer immobile, les yeux clos.

Il souffle dans une conque, corne de bélier.

Il chante et psalmodie.

Nous saluons la terre et les quatre points cardinaux dans cet ordre : est, sud, ouest et nord.

Avant d'entrer dans la zone sacrée du temazcal, nous sommes purifiés avec de l'encens de copal.

Pour entrer à quatre pattes dans le temazcal, nous embrassons le sol et prononçons avec humilité cette phrase : "Pour toutes mes connaissances et ma famille, je demande la permission de rentrer".

Nous occupons des bans de pierre.

Au centre, se trouve une cavité ronde, réceptable des pierres chaudes.

Une couverture a recouvert la petite entrée aux fins d'assurer le noir le plus complet.

Rester dans le noir et la chaleur permet de retrouver notre état de foetus dans le ventre de notre mère, une renaissance, un baptème.

Une fois dans la hutte humide, chaude et totalement obscure, le temazcalero, armé d'une percussion, récite une prière.

Puis, il déverse de l'eau tiède délicieusement parfumée aux 14 plantes telles thym sauvage, lavande et citronnelle, sur les pierres volcaniques incandescentes.

La vapeur brûlante aux herbes aromatiques qui s'élève apaise et purifie.

La chaleur humide produite est très élevée, autour de 75 degrés C et la température du corps peut atteindre 45 degrés très rapidement.

Nous dépassons nos limites, surmontons nos peurs, relâchons nos émotions et nous libérons de nos fausses croyances.

Nous nous fouettons avec des tiges d'ocotillo.

Le temazcalero nous donne des feuilles d'aloès pour que l'on s'en frictionne.

Nous psalmodions avec lui et rythmons notre respiration sur les chants et tambourinages.

Libérés de nos vieux fardeaux, nous flottons dans la béatitude.

Le temazcal nous purge à grosses gouttes de tout cynisme.

La cérémonie est une rencontre des quatre éléments essentiels à la vie : la terre, le feu, l'eau et l'air.

Cette dernière est décomposée en quatre temps ou portes à ouvrir qui représentent les quatre éléments, les quatre points cardinaux et les quatre étapes de la vie.

La première porte s'ouvre en l'honneur du créateur.

Plongés dans l'obscurité, à l'intérieur du temazcal, l'esprit et le coeur ouverts, nous chantons, nous prions et nous discutons.

Entre chaque porte, le temazcalero nous enjoint de respirer cinq fois à fond.

Nous serons invités deux fois, dont une à la demande de Reynald, à respirer l'air frais et la lumière quelques secondes, après avoir préalablement embrassés le sol et demandés l'autorisation de sortir.

Après avoir de nouveau embrassés le sol et demandés l'autorisation, nous retrouvons nos places à l'intérieur du temazcal.

Nous sortons de ce cocon d'argile au bout d'une heure légers comme du coton.

Encore en sudation, nous prenons une douche d'eau froide telle une bénédiction, une renaissance.

Nous buvons une tisane sucrée.

Nous nous sentons libérés.

Cam.

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