Sous la chaleur de Mexico, Mexxxiiiccoooooo
- Reni Andcam
- 4 déc. 2014
- 4 min de lecture
27,40 heures de vol.
Bruxelles, Londres, une nuit à l'aéroport de Rome.
Lessivés, rincés et essorés, nous atterrissons à 18 heures à Mexico.
A nos pieds, s'étend un monstrueux et effrayant tapis d'habitations qui semble sans fin et à perte de vue jusqu'aux contreforts des montagnes alentours qui culminent à 500 mètres.
Une brume épaisse et nauséeuse stagne au dessus de la ville.
Vous comprendrez que nous n'avons nullement prévu de partir à la découverte de cette mégalopole dantesque et tentaculaire qui s'étend sur 2 000 kilomètres carré avec plus de 28 millions d'habitants et qui en fait une des villes les plus grandes et les plus peuplées du monde.
Une chaleur surprenante nous envahit dès la sortie de l'avion.
Une certaine agitation règne à l'aéroport.
Un flot de touristes étrangers engorge le passage de la douane.
Un chien muselé, tenu en laisse par une policière, affairé à sentir l'ensemble des bagages, nous acceuille.
Trente minutes s'écoulent ...
Une heure ...
Nous patientons et cherchons désespéremment nos sacs à dos.
Une heure trente ...
Deux heures ...
Les derniers bagages demeurent solitaires et nous de même.
La bonne humeur des derniers douaniers entonne "Me gusta marijuana" de Manu Chao.
Nous disparissons au mileu des voitures qui vont dans tous les sens et d'un embouteillage interminable.
Les banlieux, plus sombres les unes que les autres, défilent sous nos yeux fuyants.
Une femme, un biberon à la main, tente vainement de rattraper un homme, qui porte maladroitement son bébé.
Deux expatriés français et deux expatriés belges animent notre première soirée.
Quatre heures du matin (onze heures du matin heure française), nous nous écroulons de fatigue.
Mexico souffre de la mauvaise réputation exagérée d'être une des villes les plus dangereuses et les plus polluées du monde.
Nous découvrons une ville passionnante, trépidante et grouillante qui se laisse facilement apprivoiser et qui ne laisse pas indifférent.
Les habitants sont barricadés.
Perchés sur un plateau à 2 500 mètres d'altitude, l'on respire mal.
Le fond de l'air est inbibé d'une crasse tiède perceptible à fleur de peau.
L'on se réveille dans la noirceur et la fraicheur de la nuit pour chercher son souffle.
La pollution de l'air cache deux volcans enneigés qui dominent la vallée.
Les chiffres du trafic routier sont accablants.
9 000 kilomètres de voie.
Environ trois millions de voitures.
27 000 microbus.
92 000 taxis.
2 000 trolleysbus et autobus.
Nous flânons dans le quartier pittoresque de Coyoacan, "le lieu où vivent les coyotes", où vivait Frida Khalo dans la maison bleue (la casa azul) et Trostky.
Nous nous délectons de son atmosphère bohème et de sa richesse artistique.
Nous déambulons entre les effluves prégnantes de maïs grillé que les mexicains enrobent généreusement de mayonnaise et de piment, les chapeaux de cow-boy, les kiosques, les ogres de barbarie, les peintures, les haciendas, les maisons basses vivement colorées, les façades aux airs de western, les musiciens, les icônes religieuses et les cireurs de chaussures.
Le climat rudement sec nous assèche la gorge et les narines.
Partout, des marchands ambulants, des plats à base de tortillas (flautas, tacos, enchiladas, sopes, quesadillas, chilaquiles, tacos dorrados, huarache etc...), des bars, des restaurants, des coccinelles vertes et blanches et des combi VW.
La mendicité est omniprésente, du jongleur sur son échelle d'estale au milieu de la route à la cracheuse de feu dissimulant son bébé dans son dos en passant par les femmes qui s'auto-mutilent en se plongeant dans un bain de verres brisés dans le métro.
La ville est un capharnaüm de bruits de fond : les sirènes des policiers travesties aux fins de satisfaire leurs appétits voraces et obèses à emporter, le bruit des voitures, l'éclatement des pétards, le bruit de locomotive des charettes à vapeur, le cri des vendeurs ambulants et les klaxons.
Mexico s'offre à nous au rythme nonchalant des mexicains grignotant et sirotant des sodas à longeur de journée.
Le "ahojita" mexicain, qui signifie tout de suite, dans une heure, quand on aura le temps en est une parfaite illustration.
Une sensation de liberté enivrante nous enveloppe.
L'air est léger.
Une grande chaleur humaine se dégage.
Une joie de vivre infantile embaume.
La culture prédomine avec 130 musées dont le plus grand musée d'anthropologie, 64 théâtres, 7 sites archéologiques et 11 parcs écologiques.
Le calme des jardins contraste avec l'effervescence et la vitalité.
La ville sourit avec espoir et force et nous invite à une sorte de remontée dans le temps.
Xochimilco, surnommée la venise de Mexico, avec son réseau de canaux et d'îlots artificiels est un témoignage exceptionnel des efforts du peuple aztèque pour construire un habitat au milieu d'un environnement peu favorable.
Comment ne pas tomber sous le charme des vestiges de cette vie lacustre et des barques en bois colorées qui invitent au voyage.
Les fouilles récentes du centre historique ont fait resurgir le passé d'une ville à la fois précolombienne, espagnole et moderne.
Mexico est une ville instable dont le sol s'enfonce.
Les aztèques et les espagnols ont commis l'erreur de croire que l'on pouvait construire du dur sur de l'eau.
Nous nous défions du sol.
Les trottoirs sont penchés et déchiquetés.
A plusieurs reprises sismiques, la ville a tenté de se dérober.
Le pays reste traumatisé du terrible tremblement de terre de 1985 qui a causé l'écroulement de plus de 750 édifices (immeubles, hôpitaux, hôtels) et la mort de dizaines de milliers de personnes.
Mexico est une ville que l'on ne peut appréhender en une semaine.
Reste qu'il fait bon vivre sous la chaleur de Mexico, Meexiiiiiicooooooooo.
Cam
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